Combien coûte un véhicule à Montréal en 2024? 68% de plus qu’en 2019
Par Maude Gauthier | Publié le 21 févr. 2024
Les voitures n’échappent pas à l’inflation. Au contraire, elles y contribuent vigoureusement! En 2024, le coût moyen d’un véhicule au Québec est de 1 302$ par mois, comparativement à 773$ par mois en 2019. Si vous achetez votre voiture cette année et la gardez pendant 7 ans, vous dépenserez un total de 112 284$, en tenant compte d’un taux d’inflation annuel futur de 2%. Pour décortiquer les coûts de possession d’une automobile, nous avons calculé précisément l’inflation des principaux postes de dépense en lien avec la possession d’une voiture à essence, qui surpasse encore largement la voiture électrique au chapitre des ventes (4 autos sur 5), entre 2019 et aujourd’hui. Voici le résultat de nos recherches.
Coût d’acquisition et dépréciation: une perte de valeur à assumer
Selon les données d’AutoTrader que nous avons utilisées, le prix moyen d’un véhicule neuf au Québec est passé de 34 104$ en 2019 à 66 288$ en 2023. Qu’est-ce qui explique l’augmentation? En plus des problèmes d’approvisionnement et de main-d’œuvre, il y a de moins en moins de modèles d’entrée de gamme sur le marché (au revoir, petite Rio! au revoir, chère Fiesta!). Même si certains dénoncent la “camionnisation” du parc automobile, les consommateurs sont au rendez-vous pour les VUS, entre autres, contribuant à gonfler les prix de vente.
Pour estimer le prix d’achat moyen en 2024, nous avons tenu compte des prévisions d’inflation à 3,11% et d’une stabilisation généralisée des prix des automobiles. Le calcul porte le total à 68 350$ en 2024.
En plus de coûter très cher, les nouvelles voitures subissent toujours une certaine dépréciation, soit la perte de valeur dès qu’elle sort du concessionnaire. En effet, en général, ce n’est pas un bien qui prend de la valeur avec le temps. Nous avons comparé des modèles 2024 qui se vendent environ 68 000$ à leur équivalent des années antérieures. Ils affichent une perte d’environ 69% sur sept ans. En 2024, sur un coût mensuel total de 1 302$, il y a 561$ (43%) qui est attribuable au coût d’acquisition du véhicule et sa dépréciation.
Mais combien vous coûte réellement votre Jeep Wrangler, votre Kia Forte ou votre Audi Q5 en 2024? Il faut tenir compte du financement (prêt auto), de l’essence, de l’entretien, des assurances, de l’immatriculation et du stationnement, entre autres. Certains de ces frais ont augmenté drastiquement, comme l’assurance et les intérêts, alors que d’autres moins.
Le financement: plus cher qu’avant
Les taux d’intérêt appliqués aux véhicules financés ont augmenté au cours des dernières années. En 2024, il y a 15% des coûts liés à la possession d’un véhicule qui servent à payer des intérêts sur les prêts (ou 194$ par mois), alors qu’en 2019, on parlait de moins de 6%.
Plus de 60% des consommateurs choisissent un prêt de 7 ans ou plus. Nous avons calculé les intérêts du prêt sur 7 ans à l’aide de notre calculatrice de remboursement de prêt auto. En réalité, vous payez beaucoup plus d’intérêts au début et moins, voire aucuns, vers la fin.
Selon les moyennes recueillies par la Corporation des associations des détaillants automobiles, les taux d’intérêt des prêts automobiles étaient d’à peine plus de 3% en 2019, pour monter à 5,5% en 2022. Pour 2023, nous avons retenu un taux de 7%, puis de 6,29% en 2024. Pour les estimer, nous avons analysé les taux offerts par les constructeurs automobiles sur leur site Web (Honda, Ford, Hyundai, Mazda) et prévu une légère baisse en 2024, puisque les experts croient à une baisse du taux directeur, qui influencera les prêts automobiles.
Pèse sur le gaz! (Mais pas trop, ça coûte cher)
Selon l’Indice des prix à la consommation, certains postes de dépenses automobiles ont connu des variations notables dernièrement. C’est le cas, par exemple, de l’essence qui a diminué en 2020 pour ensuite monter de 36,6% en 2021, augmentation suivie de hausses plus modestes en 2022 et 2023. On prévoit une baisse de 7% du coût de l’essence en 2024.
Le coût de l’essence a été calculé en fonction du prix annuel moyen (en cent par litre) pour un véhicule consommant 9,4 L par 100 km et parcourant 16 000 km par année. Une consommation de 9,4 L est assez standard, mais sachez que sur le marché, on trouve des voitures consommant 6 L par 100 km et d’autres, plus de 12 L. Nous avons retenu 16 000 km par année puisqu’il s’agit de la moyenne québécoise.
Alors que le véhicule moyen vous coûtait à peine 154$ d’essence par mois pour parcourir 16 000 kilomètres annuellement en 2019, il vous fallait débourser 204$ par mois en 2023. Pour 2024, ce coût pourrait descendre à 190$.
L’augmentation des assurances automobiles
Au Québec, le coût moyen des assurances auto était de 775$ en 2021, et en tenant compte de l’inflation, il atteindra 904$ en 2024. Cette moyenne inclut tant les véhicules neufs et dispendieux que les plus vieux qui ont une valeur moindre et nécessitent moins de garanties. Ce que ça veut dire? Votre voiture neuve vous coûtera probablement plus de 904$ par an en assurance! Lorsqu’elle sera plus âgée, votre prime devrait diminuer.
Après une progression de près de 8,2% en 2023, les primes d’assurance auto devraient encore monter de 10% cette année. Ouch! Parmi les facteurs explicatifs, on trouve notamment la crise des vols de voitures et les réparations coûteuses des modèles avec technologies avancées. La Jeep Wrangler, par exemple, qui se détaille à un prix de base similaire à celui du prix moyen, coûte plus cher à assurer que le véhicule moyen. C’est un des modèles les plus volés au Canada! J’ai demandé une soumission pour ce type de véhicule et il me coûterait 1 535$ plus taxes par année.
Pour économiser, utilisez un comparateur d’assurance auto. Si possible, faites plusieurs simulations pour vous aider à choisir entre deux modèles de voiture qui vous intéressent; l’un coûtera peut-être bien moins cher en assurance.
L’entretien et les réparations
L’entretien et les réparations d’un véhicule varient au fil de sa vie. Nous avons étalé, sur la durée de possession utilisée pour nos calculs, le coût des pneus neufs d’été et d’hiver (aux trois ans), de trois changements d’huile par année (50$ chacun), de nouveaux freins et de bris mineurs comme les bougies et les essuis-glaces. Quatre pneus peuvent coûter entre 400$ et 1 000$, il y a donc une certaine variation à prévoir selon votre voiture, la taille des roues, et vos préférences en matière de qualité. C’est la même chose pour des pièces comme les freins, dont le prix varie selon la marque. Changer quatre freins aux quatre ans coûte facilement plus de 1 000$. Des réparations plus importantes s’ajouteront lorsque le véhicule prendra de l’âge (liés au moteur et à l’électronique).
En réalité, les premières années, le coût est beaucoup moindre (500$ ou moins) et il augmente en fonction de l’âge du véhicule. Pour estimer les coûts d’entretien en 2024, nous avons simplement retenu le taux d’inflation prévu à 3,11%. Cette industrie subit encore des pénuries de main-d’œuvre, donc nous ne sommes pas à l’abri de hausses plus salées. Ainsi, sur 5 ans, les coûts passent d’une moyenne de 1 200$ à 1 500$ par an.
Stationnement (et contraventions!)
En 2023, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal évaluait à 1 275$ la valeur d’un espace de stationnement sur rue en ville, tenant compte des frais de construction et de la valeur des terrains. Considérant l’inflation prévue, on calcule cette valeur à 1 315$ en 2024. Il y a 5 ans, elle aurait été à 1 130$, l’inflation variant de -1,2% à 8,1% entre 2019 et 2023.
En 2024, attendez-vous à payer aussi environ 189$ d’amendes dans l’année (ou 16$ par mois), soit environ 2 “tickets”. On essaie tous de respecter les signes d’interdiction, mais avouez qu’il est assez facile de se tromper! Le calcul tient compte des revenus de la Ville de Montréal pour amendes et pénalités, divisé par le nombre de voitures en circulation. Rassurez-vous, cette dépense occupe seulement 1% des frais annuels de possession d’une voiture.
Les augmentations des contraventions ont tendance à venir par à-coups. Si on remonte un peu plus dans le temps, on voit sur ce tableau des augmentations importantes en 2017, 2018 et 2023, pour une inflation totale de 68% pour un stationnement interdit en 7 ans. C’est encore pire pour les stationnements dans les voies réservées, où l’augmentation atteint 134%.
Stationnement interdit | Immobilisation dans une voie réservée | |
2017 | 53$ | 149$ |
2018 | 62$ | 150$ |
2019 | 78$ | 302$ |
2020 | 79$ | 307$ |
2023 | 89$ | 348$ |
Alternatives à la voiture à Montréal
Selon la grille tarifaire de la STM, un adulte paie 97$ par mois pour sa passe de métro et d’autobus. Ainsi, un Montréalais qui souhaite économiser au maximum sur le transport peut s’en contenter, pour la modique somme de 1 164$ par an.
Puisque les transports en commun sont limités lorsqu’on veut sortir de la ville ou transporter de gros objets, prenons l’exemple d’un Montréalais qui s’abonne à Communauto pour 40$ par an (forfait économique). Il l’utilise trois fois par semaine, soit 2h pour des courses à environ 6,5 km de chez lui. Il fait aussi une sortie d’une journée à 100 km hors de la ville.
Utiliser Communauto lui coûte alors 244$ par mois. Il possède aussi sa carte mensuelle de la STM (97$). Puisqu’il parcourt ainsi 692 km par mois, le coût est de 0,49$ par kilomètre, ce qui représente la moitié du coût par km de la possession d’un véhicule.
Quelqu’un qui ne souhaite pas s’encombrer d’un abonnement ni passer du temps à trouver les stations des véhicules pourrait préférer Uber. Toutefois, ce mode de déplacement est assez cher pour un nombre de kilomètres comparable. Un Montréalais qui fait deux trajets aller-retour par semaine avec Uber pour une course moyenne de 10 km. Il parcourt alors 160 km par mois pour 383$. En comptant son abonnement mensuel à la STM, ses trajets totalisent 496 km par mois. Les deux lui coûtent, ensemble, 480$ par mois, ce qui est à peine plus économique que la possession d’une voiture.