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Open Wallet, épisode 7: Maxime Bernier

Par Julien Brault | Publié le 03 août 2023

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    Au cours de cet épisode, Maxime Bernier nous ouvre les coulisses de sa vie d’homme politique. Aujourd’hui chef du Parti populaire du Canada, il nous raconte son évolution professionnelle et revient sur ses premiers salaires de jobs étudiants. Il a notamment travaillé en tant que laveur de vaisselle dans le restaurant de son père. Ce restaurant a fait faillite à cause de la hausse des taux d’intérêts dû à la crise de 1982. Cet événement a changé sa vie.

    Il se livre également sur ses finances personnelles et ses dernières acquisitions, dont un chalet de 400 000 $ au bord d’un lac en Beauce. Il aborde aussi son programme politique et notamment son point de vue quant à l’impôt sur le gain en capital.

    Bref, entre confidences personnelles, convictions politiques et vision économique Maxime Bernier nous offre un épisode complet et surprenant.

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    JB : Bonjour tout le monde. Mon nom est Julien Brault, co-fondateur de Hardbacon. Bienvenue à Open Wallet, une émission où j’interviewe des gens super intéressants sur leur parcours et où on leur pose plein de questions sur leur argent pour aller fouiller dans leur portefeuille. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être avec quelqu’un qui se soucie beaucoup du portefeuille des Canadiens. Son nom est Maxime Bernier. Il a fondé un nouveau parti qui s’appelle Parti populaire du Canada. C’est un ancien politicien conservateur. Maxime, merci beaucoup d’être venu à Open Wallet.

    MB : Merci de l’invitation, ça me fait grandement plaisir d’être avec vous ce matin.

    JB : Je vais commencer avec la question avec laquelle j’ouvre en général : c’est quoi ton premier souvenir lié à l’argent, souvenir pour lequel tu as un montant d’argent dont tu te souviens ? Ça peut être quelque chose que tu as acheté, quelque chose que tu as entendu,

    que tu as vendu ?

    MB : Mon premier souvenir, c’est peut-être mon premier emploi. J’étais laveur de vaisselle dans un restaurant et ma première paye, a servi… Je pense que la première chose que j’ai fait de ma première paye, c’est de l’économiser pour pouvoir acheter autre chose. Je ne me

    rappelle pas à l’époque, mais j’essayais d’économiser mon argent.

    JB : C’était quoi le montant de ta première paye ?

    MB : Oh, mon Dieu ! À l’époque, c’était le salaire minimum et donc je ne peux pas dire…

    Je n’ai jamais eu une crainte de manquer d’argent. Je n’ai jamais voulu non plus essayer de devenir ultra riche. Donc, cette première paye, ça

    peut…

    JB : Te souviens-tu c’était combien de l’heure ?

    MB : Oui, c’était à peu près 7$ de l’heure à l’époque.

    JB : Plus les charges ?

    MB : Plus les charges et tout ça, oui.

    JB : Tu as grandi en Beauce, c’est ça ?

    MB : Oui.

    JB : C’était comment ? Est-ce que tu te rendais au travail en voiture ? Est-ce que tu as eu ta première voiture jeune ? Parle-moi un peu de ton enfance.

    MB : Premièrement, j’ai étudié en Beauce. J’ai étudié en Beauce jusqu’au Cégep. Je suis allé au séminaire Saint-Georges et après ça, je suis allé à l’Université à Montréal. Mais lorsque j’étais en Beauce, c’est là que j’ai eu mon premier emploi. Mon père était annonceur de radio dans la radio locale en Beauce et puis après ça, il a ouvert un restaurant et puis aussi piano-bar à l’époque et des motels. Donc, mon premier emploi, c’était dans l’entreprise de mes parents. Et c’est pour ça que je vous dis que j’étais laveur de vaisselle, après ça serveur au restaurant et puis serveur au bar aussi. J’ai travaillé là pour payer mes études et puis, la Beauce, pour moi, c’est ma région, c’est mon coin, c’est mon coin de pays. Je suis retourné en Beauce parce que lorsque j’ai quitté, j’ai fait l’Université de Montréal en administration. Après ça, j’ai fait Université d’Ottawa en droit. J’ai travaillé dans le secteur financier et j’ai été avocat seulement deux ans dans le secteur privé. Je suis retourné en Beauce pour l’élection.

    JB : Quand tu étais avocat, tu gagnais bien ta vie ?

    MB : Oui, comme avocat oui, jeune avocat, j’avais un bon salaire.

    JB : Combien ?

    MB : On remonte aux années 1992-93. Je pense qu’à l’époque, quand j’ai

    commencé, je devais avoir 45 000 $ par année. C’était un bon salaire à l’époque.

    JB : Est-ce que tu mettais de l’argent de côté ?

    MB : Quand j’ai eu mon premier emploi après l’université, oui, parce que je devais rembourser mes prêts bourses. J’avais eu des prêts bourses, donc je remboursais mes prêts

    bourses. Et pour répondre à ta question, ma première voiture, ça a été très tard. Ma première voiture, j’avais les amis qui avaient des voitures, donc je ne sentais pas la nécessité d’avoir une voiture. Et quand j’étais plus jeune, mon père avait une voiture et ma mère avait une voiture. Donc, je prenais la voiture des parents ou bien j’étais avec des amis qui avaient des voitures. J’ai eu ma première voiture, je pense, après l’université, quand j’ai commencé à travailler.

    JB : Est-ce que ton père était riche ?

    MB : Non, pas nécessairement. Mon père était en affaires.

    JB : Est-ce que ton grand-père était en affaires aussi ?

    MB : Non. Mes grands-parents du côté de ma mère, mon grand-père oui, il était boulanger à l’époque. Et puis du côté de mon père, mon grand-père était fonctionnaire pour la ville de Montréal. Mon père est né à Montréal et est venu en Beauce à l’âge de 18 ans, puis il a rencontré ma mère. Et si mon père était riche, pas nécessairement, mais on n’a jamais manqué de rien. Il était en affaire puis a fait faillite en affaire. Il y a des hauts et des bas en affaire.

    JB : Son restaurant ?

    MB : Oui, avec le restaurant qu’il avait à l’époque dans la crise qu’il y a eu dans les années 82 où les taux d’intérêt ont monté à un niveau très élevé. Je pense que le taux d’intérêt était aux alentours de 20% à l’époque. Et il avait des dettes, parce qu’il avait bâti ce restaurant, puis il n’était plus capable d’arriver, donc, il a fait une faillite commerciale.

    JB : Est-ce que cet événement t’a influencé dans ton parcours parce que, tu me corriges si je me trompe, j’ai l’impression qu’en termes de politique monétaire, tu es quelqu’un qui est contre la création d’inflation, est-ce que je me trompe ?

    MB : Absolument raison.

    JB : Est-ce que c’est un événement qui a influencé ou qui a formé ton parcours idéologique?

    MB : Pas nécessairement, parce qu’à cette époque-là, j’étais quand même un peu plus jeune et puis je n’étais pas au fait des économistes autrichiens. Sur le tard, j’ai lu là-dessus beaucoup, Mises, Hayek, ces économistes-là. Mon père a fait faillite, puis après ça, il a retravaillé dans la radio, parce qu’il était à la radio avant d’être en affaires. Puis, il a fait de la politique. Il s’est présenté pour être député sous Brian Mulroney, en 1984. Il a été élu. En 1988, il a été réélu et il a fait de la politique jusqu’en 1993. Et puis après ça, il a été ambassadeur du Canada en Haïti, donc il a eu un beau parcours quand même après le domaine des affaires.

    JB : Qu’est-ce que tu penses de la loi sur les faillites ? Est-ce que tu trouves que c’est un avantage ?

    MB : Ça doit exister dans un système capitaliste. Je pense que c’est une bonne loi. Je ne crois pas que les gouvernements doivent aider les entreprises en difficulté. Si des entreprises sont en difficulté, c’est parce qu’elles n’ont pas un bon produit, qu’elles ne sont pas capables de vendre leurs produits. Pourquoi l’État aide aiderait des perdants ? Et donc, la première façon d’aider tout le monde, c’est d’avoir des impôts aux entreprises le plus bas possible. C’est pour ça qu’avec le Parti populaire, on prône le taux d’impôt unique de 10 % pour les entreprises. Mais si une entreprise ne va pas bien, la loi de la faillite est là. Et la loi de la faillite permet une restructuration des entreprises. C’est tout à fait normal dans un système capitaliste.

    JB : J’ai une question, j’ai l’impression que quand tu as travaillé dans le secteur privé comme avocat, je pense que tu as déjà travaillé en communication corporative pour une institution financière ?

    MB : Oui, Standard Life.

    JB : OK, c’est ça. J’ai l’impression que tu as toujours un tiraillement, le secteur privé d’un côté, puis les politiques publiques ou la macroéconomie. Puis, tu étais impliqué à l’Institut Économique de Montréal. Je pense que tu avais écrit un livre ?

    MB : Sur le taux unique d’imposition, oui.

    JB : Oui, sur le taux unique d’imposition. Ce n’est pas un courant d’idées très populaire au Québec. Qu’est-ce qui t’a amené là, et comment tu as géré ce tiraillement, d’un côté le secteur privé et de l’autre côté la politique ?

    MB : J’ai toujours aimé les politiques publiques et donc comme je disais, mon père était allé en politique en 84 et j’ai toujours aimé ça. À l’époque, j’étais étudiant en droit à l’Université d’Ottawa et l’élection de 88 était une élection sur le libre échange. C’était une élection référendaire, si on peut dire, sur le libre échange et je connaissais pas mal par coeur le traité de libre-échange; j’aimais ça. On avait fait venir à l’époque Bernard Landry à l’Université d’Ottawa, qui était quand même pour le Parti Québécois le spécialiste du libre échange. Le Parti Québécois, à l’époque, était pour l’entente de libre-échange avec les États-Unis.

    On avait fait des débats et j’écrivais même des discours pour mon père lors de la campagne électorale de 1988 sur le libre échange. Donc, je me suis vraiment intéressé à partir de là aux politiques publiques. Et là, j’ai pris goût et j’ai toujours aimé les politiques publiques, mais je n’ai jamais pensé me présenter moi-même. Je n’ai jamais eu comme but dans la vie : «Je veux être député, je vais de ministre». Pour moi, les politiques publiques, c’était à côté, c’était quelque chose que je faisais dans mes temps libres. Puis, à l’Institut Économique de Montréal, j’ai fait ça à temps plein et en tant que vice-président. Qu’est-ce qui m’a emmené à la politique réellement ?

    À l’Institut Économique de Montréal, j’ai rencontré Monsieur Harper en 2005 et il cherchait des idées pour sa plateforme au Québec. On a soupé ensemble avec le président l’Institut à l’époque et je lui dis : «Pour le Québec, il y a deux positions très importantes que vous devriez prendre si vous voulez avoir des appuis au Québec : 1) Respecter la Constitution canadienne, pas d’interférence dans les champs de compétence du Québec et, comme ça, on va avoir une paix constitutionnelle et 2) Baisser les taxes et les impôts des Québécois. Ils sont les plus taxés en Amérique du Nord.

    Cette position est bonne pas seulement pour le Québec, mais pour toutes les provinces canadiennes. Il a aimé ça, il a mis ça dans sa plateforme et, effectivement, il a fait un discours important au mois de novembre 2005 qui était le lancement de la plateforme québécoise et suite à ça, il m’a demandé de me présenter. Pour moi, je me suis dit «C’est une belle opportunité». Et puis, je crois aux politiques de libre marché et, donc,  je suis allé en politique justement pour promouvoir la liberté et la responsabilité individuelle. Ça a bien été, j’ai été élu et j’étais ministre de l’Industrie et on a fait une grande déréglementation du système des télécommunications. Ça a été un beau succès.

    JB : Est-ce que dans tes décisions de carrière, le salaire a joué un rôle ?

    MB : Non, jamais.

    JB : Pourquoi ?

    MB : L’important c’est de faire ce que j’aimais, puis pour moi, le niveau de mon salaire a toujours été satisfaisant. Je n’ai jamais quitté un emploi parce que le salaire n’était pas assez élevé. Les emplois que j’ai eus, c’est des emplois que j’aimais, que je voulais avoir et avec des salaires qui étaient raisonnables.

    JB : Combien tu gagnais comme ministre ?

    MB : C’est public.

    JB : Oui, je crois que c’est public.

    MB : Oui, c’est public. Un ministre du gouvernement à l’époque gagnait 220 000$ par année.

    Aujourd’hui, je pense un ministre du gouvernement doit gagner à peu près de 230-240 par année. Il faudrait vérifier. Là, je suis député. Un député gagne 170 000$ par année.

    Pour moi, c’est un bon salaire, puis les députés aussi ont un fonds de pension. Ce qu’on a fait lorsque j’étais conservateur, on est revenu à l’équilibre budgétaire et le dernier budget, c’était vraiment pour revenir à l’équilibre budgétaire et faire des coupures dans la fonction publique. Et monsieur Harper a dit : «On va faire les changements dans les fonds de pension des fonctionnaires et des députés».

    À l’époque, quand j’ai commencé en 2006, les députés contribuaient seulement pour 10% des sommes à leur fonds de pension annuellement. Donc, l’État canadien payait à 90%. Monsieur Harper a dit : «Écoutez , vous avez de meilleurs fonds de pension que le secteur privé. C’est les gens du secteur privé qui payent votre salaire. Il faut changer ça.» On a changé la loi. Maintenant, notre contribution pour les députés, c’est 50%; l’autre 50%, c’est l’État. Donc, on est passé de 10 à 50%. Et un député, avec la loi actuelle, pour avoir droit à une pension, doit faire au moins six ans à Ottawa.Moi, ça fait 12 ans je suis à Ottawa. Ça veut dire que normalement, c’est deux élections parce qu’une élection, c’est quatre ans, mais si un député est six ans à Ottawa, aussi on avait le droit d’avoir la pension à 55 ans. Monsieur Harper a changé ça. Maintenant, on le droit d’y toucher à 65 ans, sans pénalités. C’est les changements où on a ajusté la pension des députés plus en ligne avec ce qui se passe dans le secteur privé.

    JB : Je comprends les besoins de la politique et effectivement, si tu as des députés qui votent quelque chose pour diminuer les conditions des fonctionnaires, qui se donnent des augmentations en même temps, il y a quelque chose qui n’est pas conséquent. Je comprends très bien, puis en même temps, il y a quelque chose qui m’inquiète. Ça ne sera jamais populaire de dire «Le premier ministre n’est pas assez payé», parce que c’est un bon salaire. Je ne sais pas combien il est payé au Canada, est-ce que tu sais ?

    MB : Le premier ministre, c’est 280 000$ peut-être. C’est public, pour les gens qui voudraient aller voir, c’est public.

    JB : C’est bien payé.

    MB : Très bien payé, oui.

    JB : Mais si tu regardes le Président de la Banque de Montréal, dans le secteur privé, c’est des gens qui ont beaucoup moins de responsabilités, si on regarde en termes de nombre d’employés ou peu importe comment on segmente, la pression est moins élevée que ce que ça peut être quand on est un chef d’État et en même temps, on les paye. Souvent, après ça, une fois que leur carrière est finie, ils vont aller faire beaucoup plus d’argent pour aller travailler dans le secteur privé, puis faire des contrats, et je me dis est-ce que si on les mettait carrément indépendants de fortune, si on leur disait c’est un million par année ou c’est deux millions par année, ce qui quand même des petits salaires si tu compares à des gens qui gèrent des entreprises comme Fortune 500, peut-être qu’on aurait des meilleurs candidats, qui ont envie de devenir premier ministre ou du moins, peut-être pas des meilleurs candidats, mais on aurait des gens qui se soucieraient pas du tout de leur après carrière politique. Qu’est-ce que tu penses de cette idée ?

    MB : Premièrement, à Ottawa je pense et au Québec aussi, les règles de conflits d’intérêts sont très strictes et bien faites. Un député comme moi, j’ai le droit d’accepter un cadeau de moins de 200$. Si c’est plus que 200$, je dois le déclarer. La plupart du temps je le refuse, mais si je l’acceptais, je dois le déclarer au Commissaire à l’Éthique. Ces règles de conflits d’intérêts sont importantes. Moi je dis, l’indépendance d’un politicien et d’un premier ministre, les gens font ça par service public aussi. Il y a des bons candidats qui vont vouloir devenir des politiciens qui étaient dans le secteur privé. Je pense à Brian Mulroney, qui était vice-président de l’Iron Ore et donc il devait faire beaucoup plus d’argent qu’en tant que premier ministre. Je pense à Monsieur Péladeau au Québec. Je ne suis pas péquiste, mais il doit faire plus en gérant sa société qu’il faisait étant chef du Parti Québécois.

    Il y a quand même des gens qui vont en politique pour les bonnes raisons, pour le service public. Mais comme vous avez dit tout à l’heure, lorsqu’ils quittent la politique, normalement, ils ont des salaires plus élevés, plus le fonds de pension qu’ils ont reçu. Je pense qu’on n’a pas besoin d’augmenter les salaires des ministres et du premier ministre à Ottawa pour attirer de bons candidats, parce que c’est un service public aussi. Il faut aimer ça. Puis, je pense qu’on est capable d’attirer des bons candidats. Regardez juste moi; c’est un nouveau parti qu’on forme, le Parti populaire. J’ai des professeurs d’université qui sont intéressés à être candidats dans la région de Toronto pour la prochaine élection en octobre prochain. Et j’ai des gens d’affaires qui sont intéressés aussi à être candidats. Ils veulent le faire pour relever le défi et pour le service public.

    JB : Tu parlais de l’éthique, je me demande, les députés est-ce qu’ils ont le droit d’investir dans des compagnies ? Parce qu’effectivement, si on change le statut du CRTC, par exemple, si tu as des actions de Bell et de Rogers, peut-être que…

    MB : Oui, tout devrait être déclaré. Tout est déclaré au commissaire à l’éthique, ton portefeuille, et lorsque tu as une fonction comme ministre des Finances, par exemple, tu dois t’assurer que ça soit géré à part et que tu n’as pas accès, donc tu donnes seulement que les autorisations aux gestionnaires de ton portefeuille sur la manière de gérer son portefeuille par rapport aux risques que tu veux tolérer. Mais à part ça, normalement, tu ne sais pas dans quoi ton gestionnaire de portefeuille investit en détail. Tu lui as donné seulement les grandes lignes de ta tolérance aux risques habituellement.

    JB : À part ta fonction, est-ce que tu as des investissements en Bourse ?

    MB : Non. Je n’ai pas l’investissement en Bourse. J’ai un REER que j’avais dans le privé avant. J’ai ma pension qui est acquise maintenant parce que j’ai plus que 6 ans et dans l’immobilier, j’ai un condo en Beauce, j’ai un appartement à Ottawa que l’État paie. Pour tous les députés aussi, l’État paie l’appartement à Ottawa et j’ai acheté l’automne dernier, au mois de novembre, un chalet avec ma conjointe, près d’un lac dans le coin de la Beauce.

    JB : Est-ce que je peux te poser la question de combien il a coûté ?

    MB : C’est un chalet sur le bord du lac. Je pense que c’est aux alentours de 400-500 000$.

    JB : Et ça te permet de te ressourcer ?

    MB : Oui, et je ne pense pas que j’aurais le temps beaucoup cet été d’y aller parce qu’on va être en précampagne électorale, mais oui, ça me permet d’aller relaxer et, aussi, c’est pour moi, c’est pour mes filles aussi. J’ai deux filles de 17 et 19 ans, donc c’est une façon de pouvoir les voir, de les attirer sur le bord du lac au chalet. Donc, actuellement c’est la seule la propriété que j’ai, parce que le condo en Beauce, il est loué, donc j’ai mis mes sous dans ce chalet avec ma conjointe.

    JB : Ce qui est intéressant pour moi, tu a pris une décision, tu as quasiment gagné la campagne de la chefferie du Parti conservateur. Après ça, tu as fait défection pour créer un nouveau parti. Il y a peu de gens qui ont réussi dans la fondation de nouveaux partis dans l’histoire récente au Canada, puis je me demande 1) Pourquoi? et 2) Est-ce que c’est une question de financement ? Est-ce que c’est difficile de financer un nouveau parti ?

    MB : Pourquoi ? 1) Parce que je me suis aperçu que le Parti conservateur du Canada, et je l’ai déjà dit, il est corrompu intellectuellement et moralement. C’est un parti qui a perdu ses valeurs. C’est un parti qui prépare une plateforme basée sur des sondages et des focus groups. C’est un parti qui va avoir une plateforme électorale qui va essayer de dire aux gens que ce qu’ils veulent entendre, sans conviction, et peut-être faire le contraire si le chef est élu. J’ai perdu la course au leadership avec 49% du vote.

    J’ai essayé pendant un an de promouvoir nos idées, les idées basées sur la liberté et la responsabilité individuelles, l’équité et le respect. C’est les quatre principes fondateurs de notre parti, mais c’était aussi les quatre principes à la base de ma plateforme pour le leadership du Parti conservateur du Canada. Et, de là, ont découlé nos politiques publiques qui sont en ligne avec ces principes-là. C’était très apprécié parce que 49 % des conservateurs qui ont voté et j’ai essayé d’influencer le parti, le chef Andrew Scheer, pour qu’il prenne quelques-unes de nos idées et il m’a dit à l’été dernier que : «Non, Maxime Bernier, on ne va prendre rien de ta plateforme. Tu ne représentes plus le parti, tu ne parles pas pour le parti».

    À ce moment-là, j’avais un choix à faire : soit de rester en politique ou bien de quitter la politique. Et rester en politique, je ne peux pas rester avec un parti dont je ne crois pas en la plateforme et les idées. Donc, j’ai décidé de créer le Parti populaire le 14 septembre dernier et ça va très bien. C’est plus facile pour nous de bâtir un parti que peut-être d’autres gens, parce qu’on part avec une plateforme, on part avec des idées et une plateforme très cohérente qui a été très populaire. On invite les gens se joindre à notre parti basé sur cette plateforme-là. On peut attirer les gens à cause qu’on a des idées, des bonnes idées, des idées audacieuses, qui vont faire en sorte qu’on ait un pays plus libre et plus prospère. Et ça a bien été et je peux vous dire qu’aujourd’hui, après cinq mois, on a déjà 36 000 membres. Si on compare avec le Parti Vert du Canada, qui existe depuis 35 ans et qui a seulement 19 000 membres, le Parti NPD, qui existe depuis longtemps, qui a à peu près 50 000 membres.

    JB : Ça coûte combien d’être membre ?

    MB : 5$ par année.

    JB : Est-ce que tu as eu beaucoup de financement parce qu’une élection, ça coûte cher?

    MB : Oui. Premièrement, on a créé le parti basé sur ces idées là. On a réussi à attirer des membres qui croient en nos idées. 35 000 en cinq mois, c’est exceptionnel et grâce à ces membres-là, on a été capable de créer des associations de comtés dans tous les comtés au Canada, il y a 338 comtés, donc à avoir des organisations sur place dans tous les comtés, ça c’est important, et c’est ce qu’on a fait, donc ça c’est fait, et la prochaine étape, ça va être d’avoir des candidats dans tous les comtés pour l’élection du 21 octobre. Pour répondre à votre question, tout ça, ça coûte de l’argent. Et oui, on a été capable de lever de l’argent parce que les gens donnent pour des idées et croient. Moi je suis authentique et la plateforme qu’on actuellement, c’est une plateforme qui est basée sur des discours que j’ai dits depuis les dix dernières années et donc c’est vraiment ce que je crois, puis c’est basé sur des études sérieuses. Donc les gens donnent parce qu’ils aiment bien la plateforme et pour vous donner un exemple, déjà on a 1 million $ de ramassé depuis que j’ai démissionné du Parti conservateur du Canada, le 23 août dernier, jusqu à peu près la semaine dernière ou il y a deux semaines, on a un million de ramassé. Et pour être efficace, pour faire une bonne campagne électorale, les deux grands partis…

    JB : Ça prend combien  ?

    MB : C’est ça, les deux grands partis, comme j’ai dit, le Parti libéral et le Parti conservateur, les partis traditionnels ramassent chaque année à peu près 23 millions de dollars. Et une campagne électorale, ces partis peuvent dépenser jusqu’à 20 millions de dollars dans une

    campagne électorale. Nous on pense qu’on peut faire une campagne électorale très efficace parce qu’on se sert beaucoup des médias sociaux, Twitter, Facebook, tous les médias sociaux, YouTube, d’ailleurs je dois commencer dans quelques semaines un Facebook live,

    répondre aux questions de nos gens.

    JB : Est-ce que tu t’inspires un peu de la campagne de Donald Trump en termes de médias sociaux ?

    MB : En termes de médias sociaux, oui. En termes de médias sociaux, oui, mais en termes de politique, non. Utiliser les médias sociaux effectivement comme il l’a fait, un peu aussi comme Obama l’a fait. Obama a été l’un des premiers à utiliser les médias sociaux. Et donc

    ça nous a permis de lever des fonds et ce qu’on va faire la prochaine année, on pense bien

    être capable de faire une campagne efficace à travers le Canada avec 3-4 millions de dollars. Notre structure aussi est plus souple. Ces grands partis ont des employés, cinq-six employés au Québec à temps plein qui travaillent pour la formation de leurs associations de comtés. Nous c’est tout avec des bénévoles et je suis allé remercier à travers le canada, qui nous ont aidé à former ces partis. Donc notre structure de coût est beaucoup moindre que les deux grands partis et c’est ça qui nous donne un avantage.

    JB : J’ai été voir sur le site de ton parti. Il n’y a pas un programme complet encore, mais il y avait quand même plusieurs idées. Il y en a une qui est un peu de la musique à mes oreilles, c’est que tu veux abolir la taxe sur le gain en capital.

    MB : Oui.

    JB : Pour ceux qui nous écoutent, un grand capital ça peut être soit un entrepreneur qui a créé et quand il va revendre, ça peut intéresser un investisseur en Bourse qui a mis de l’argent à l’extérieur, puis il y a un gain en capital, la compagnie vaut plus si elle revend et on se fait taxer là-dessus.

    MB : Ça pourrait être aussi un individu sur la maison comme vous savez lorsqu’on veut la résidence principale pour faire un profit. Ce n’est pas taxer. Le gain capital n’est pas taxé, mais quelqu’un qui ajouterait un chalet, comme j’ai fait, et qui vend le chalet après puis fait un profit, ça avec notre proposition, ça ne sera pas taxé.

    JB : C’est quoi les avantages de ça, parce qu’une des choses qui décourage l’investissement, c’est justement le fait que les investissements privés, c’est, très risqué. Souvent, on perd tout l’argent et le gouvernement ne nous envoie pas un chèque pour nous dire : «Désolé, on sent mal pour toi, voici aussi un chèque pour te compenser.» Mais si ça fonctionne et qu’on a un gros gain capital, le gouvernement vient prendre une bonne partie de ça. Est-ce que tu penses qu’abolir le gain en capital va augmenter les investissements ?

    MB : Oui, c’est sûr. Le but, c’est que le premier budget du Parti populaire va être un budget qui va promouvoir le secteur privé et faire en sorte que le secteur privé crée de la richesse. Ce n’est pas le gouvernement qui crée la richesse. Plus on a d’investissements, plus on a d’emplois et plus on a des richesses. L’investissement est le moteur de l’activité économique. Donc, ça va être un budget pro investissement. Qu’est-ce qu’on va faire ? Un taux unique sur les impôts pour les entreprises de 10 %, on va abolir tout le BS corporatif, le gouvernement du Canada donne 5 milliards de dollars par année en subventions en aides aux entreprises. On va prendre ça, on va abolir ça.

    JB : Et ça inclut les crédits de R&D ?

    MB : Il y a plusieurs crédits d’impôt et effectivement, ce qu’on veut faire c’est abolir ça, mais après c’est toutes les entreprises et prendre cet argent-là. On va sauver 5 milliards de dollars et avec les 5 milliards de dollars, on est capable d’avoir un taux unique des entreprises de 10%, on est capable d’abolir l’impôt sur les gains en capitaux. Le gouvernement du Canada va chercher seulement 2 milliards de dollars sous la rubrique gains en capitaux. Donc, on est capable d’abolir ça. On est capable aussi de faire une réforme sur la taxation pour les particuliers avec deux taux d’imposition au lieu de cinq actuellement : un de 15% pour les gens gagnant de 15 000 dollars à 100 000 dollars et un de 25 % pour les gens gagnant 100 000 $ et plus. Les plus pauvres, les gens qui vont gagner jusqu’à 15 000 dollars par année, ne seront pas imposés sur le revenu. Et tout ça va faire en sorte de redonner plus d’argent dans les poches des gens, des individus comme des corporations, et faire en sorte d’avoir des investissements et de créer de la richesse. C’est ça le but. Il faut que ça soit un budget pro création de richesse, le premier budget, pour faire en sorte que les entreprises créent la richesse. La taxe sur les gains en capitaux est une taxe anti-création de richesse et c’est pour ça qu’il faut l’abolir.

    JB : Il y a une beauté dans la simplicité d’avoir deux fourchettes de taxation, mais le problème, souvent, c’est que les gens qui sont entre deux zones vont avoir tendance à arrêter de travailler s’ils sont trop proches de la fourchette supérieure. Par exemple, un travail autonome qui est à 98 000 dollars, puis là il franchit la barre des 100 000 dollars et son taux d’imposition augmente de 150%…

    MB : Il faut que les gens comprennent que quelqu’un qui gagne 150 000 dollars par année le premier 100 000 va être taxé à 15% et, après de 100 000 à 150 000, il est taxé à 25%.

    JB : C’est les tranches.

    MB : C’est les tranches, c’est ça. En fait, c’est faux ce que je dis. Le premier 15 000 n’est pas taxé. De 15 000 à 100 000, il est taxé à 15% et le revenu de 100 000 à 150 000 va être taxé à 25%. Donc, ce n’est pas de ces pas de zéro à 150 000, 25%. C’est par tranches. Mais en parlant de ça, aussi, moi j’aimerais dire qu’il faut se méfier de ça actuellement. Pour la première fois dans le dernier budget, le gouvernement Trudeau – et ça, c’est passé inaperçu, il l’a fait en catimini – le gouvernement Trudeau a demandé aux gens de déclarer leurs revenus qu’il vont  faire de la vente de leur maison. Donc, lorsque vous vendez votre maison, actuellement, ce n’est pas un gain en capital. Oui, c’est un gain en capital, mais ce gain en capital n’est pas imposé.

    Le gouvernement Trudeau veut aller imposer ça dans le futur, parce qu’il demande aux gens, c’est nouveau, de déclarer le profit de la vente de leur maison, de leur actif. Pourquoi vous pensez qu’il demande de déclarer le profit ? Parce qu’avec les énormes déficits qu’il fait, dans quelques mois ou le prochain budget, on a le montant, on peut aller taxer et je suis certain que dans l’idée du gouvernement fédéral, on a commencé la première étape en disant aux gens, ceux qui vendent leur maison à partir de cette année : «Vous êtes obligés de déclarer le profit que vous faites, mais on ne vous taxe pas». Mais ça, c’est le doigt dans l’engrenage et je suis certain que le gouvernement Trudeau, pour combler tous les déficits, qu’il fait va aller taxer les gains en capitaux sur les maisons. Et ça, ça serait désastreux et les gens, il faut qu’ils le sachent. Et je dis toujours que les déficits d’aujourd’hui sont les taxes de demain et la preuve c’est cette disposition que le gouvernement a mis dans le budget, d’obliger les gens à déclarer le profit sur la vente de leur maison. Pourquoi l’État veut savoir ça ? Parce que dans la prochaine étape, ça va être de vous taxer pour ça. Mais nous, on veut abolir tous les gains en capitaux sur vos maisons ou que ça soit ailleurs.

    C’est une politique très importante et j’avertis les gens que ça s’en vient. Je ne veux pas lever les épouvantails, mais c’est la réalité. Il faut se poser la question : pourquoi le gouvernement veut savoir le profit que vous faites quand vous vendez votre maison ? Parce qu’il y a une idée derrière la tête, de vous taxer pour ça dans le futur. Et ça, c’est une très mauvaise nouvelle.

    JB : J’ai une question pour toi puisque tu avais écrit il y a longtemps un livre sur le taux d’imposition unique où la flat tax, où dans le fond, tout le monde paierait le même pourcentage. Ensuite, tu t’es joint au Parti conservateur, dont l’approche à l’époque était de diminuer les taxes de vente et là, tu proposes quelque chose qui revient un peu à l’origine, qui se rapproche d’une flat tax, mais qui est quand même deux taux d’imposition. Comment ta pensée a évolué sur le sujet avec le temps ?

    MB : Premièrement, lorsque j’ai écrit le livre avant d’être candidat conservateur en 2006, c’est ce que je croyais. D’ailleurs, les journalistes à l’époque me posaient une bonne question à : «Monsieur Bernier, vous croyez pour un taux unique d’imposition pour les particuliers, mais vous êtes dans un parti qui ne prône pas ça. Qu’est-ce que vous allez faire ?» Et ma réponse était bien claire : «Oui, c’est ce que je veux dans le futur, mais je dois influencer le parti».

    Le parti a une convention, les gens et les membres du Parti conservateur ont voté pour ce régime fiscal là. Ça fait maintenant partie de la plateforme électorale. Je me joins au parti, je défends la plateforme électorale et oui, je vais essayer à la prochaine convention d’amener cette politique et de convaincre les membres d’avoir une politique pour un taux unique d’imposition. Ce que j’ai fait, mais je n’ai pas j’ai pas eu de succès. C’est resté comme ça. Maintenant, j’ai créé le Parti populaire avec l’ensemble des membres du Canda et notre plateforme, c’est la même. On a un taux unique pour les entreprises à 10%, mais avoir un taux unique pour les particuliers aurait été beaucoup trop coûteux, parce qu’on veut aussi équilibrer le budget. Donc, au lieu de cinq taux actuellement, on va passer à deux. Puis si dans un futur on est capable de passer de deux à un, on le fera. Mais actuellement, parce qu’on veut une plateforme électorale qui est responsable, il faut absolument avoir deux taux d’imposition pour être capable d’équilibrer le budget dans un premier mandat de gouvernement du parti populaire.

    JB : Avant, ici on parlait un peu dans l’émission de l’inflation, l’inflation qui influence les taux d’intérêt aussi et tu parlais de ton père qui a fait faillite. Si tu étais le premier ministre du Canada demain matin, qu’est-ce que tu ferais par rapport à la politique monétaire ? C’est sûr qu’il y a un gouverneur qui est là et, selon moi, c’est une bonne chose qu’il y ait une division entre l’institution qui a le pouvoir d’imprimer de l’argent et les politiciens. Est-ce que tu irais chercher justement un économiste de l’école de Chicago le jour où tu pourrais nommer un gouverneur pour que ça change ? Ça serait quoi ta stratégie par rapport à la Banque du Canada et est-ce que ton but serait qu’il y ait une inflation de 0% ?

    MB : Oui, absolument. L’inflation, c’est une taxe déguisée. Les gens ont le même montant d’argent dans leurs poches, mais avec le même montant d’argent, ils ne peuvent pas acheter la même quantité de biens et services. Lorsqu’il y a de l’inflation, le pouvoir d’achat des gens diminue, et ça, c’est clair. Donc c’est une taxe déguisée. Et l’inflation ce n’est pas sain. Et là, la Banque du Canada a un objectif, un but, d’avoir une fourchette d’inflation de 2 %, de  0 et 2%. C’est à peu près 2% d’inflation officielle annuelle au Canada actuellement. Moi je trouve, pourquoi l’inflation 2 % ? Si c’est bon l’inflation, ayez une fourchette d’une inflation de 20% ! L’inflation, ce n’est pas bon. Ça fait en sorte que les gens paient plus cher leurs biens et services.

    La Banque du Canada doit avoir l’objectif d’avoir un taux d’inflation de 0%. À 0 %, les gens vont garder leur pouvoir d’achat. L’argent qu’ils vont avoir dans leurs poches ne perdra pas sa valeur. Ils vont la garder et même, leur pouvoir d’achat va pouvoir augmenter. Donc, c’est ce que je ferais, vu que la Banque du Canada est une institution indépendante du politique, et c’est bien, comme vous venez de le dire. Le ministre des Finances, à chaque cinq ans, s’entend avec la Banque du Canada sur la politique monétaire. Il donne les grandes directives à la Banque du Canada à chaque cinq ans. Moi, je demanderais au ministre et des finances dans ses directives, à chaque cinq ans, de dire à la Banque du Canada que, maintenant, leur objectif, c’est un taux d’inflation de 0 %, pour faire en sorte que les gens puissent préserver le pouvoir d’achat de leur argent. Je suis le seul politicien qui parle de ça. Les autres ne comprennent pas la politique monétaire et ne comprennent pas que l’inflation, ce n’est pas sain. C’est une taxe déguisée et là-dessus, les gens qui veulent en savoir plus j’ai dit des discours là-dessus, ils peuvent aller sur le site internet du Parti populaire du Canada et lire les discours que j’ai faits là dessus il y a déjà quelques années. Ça fait partie de notre plateforme.

    JB : Je suis d’accord avec toi, la seule chose, est-ce qu’il n’y aurait pas un risque que ça décourage un peu l’investissement ? Parce que présentement, si j’ai 50 000 dollars dans un compte de banque, comme tu l’as dit chaque année, ça diminue de valeur. Donc, mon argent en train de fondre, puis il y a une espèce de transfert de richesse entre moi qui garde mon argent dans un compte de banque et les gens qui profitent des faibles taux d’intérêt pour faire des investissements ou dépenser.

    MB : Avec l’inflation.

    JB : Avec l’inflation.

    MB : Oui, effectivement.

    JB : Par contre, si on enlève l’inflation, des gens qui ont des profils de risque qui sont plus conservateurs pourraient dire : «Dans le fond, je vais garder mon argent.» Est-ce que c’est un risque auquel vous avez pensé ?

    MB : Non, je ne pense pas. L’inflation, il faut savoir à qui ça sert. Pourquoi le gouvernement du Canada a une cible d’inflation avec la Banque du Canada de 2% ? Pourquoi ? C’est bien simple: parce que ça sert à des gens qui sont endettés et donc le gouvernement de Trudeau, qui actuellement est endetté. Et nous sommes tous endettés à cause de l’irresponsabilité du gouvernement Trudeau. Pourquoi? Parce que les gens qui ont des dettes remboursent leurs dettes avec l’argent qui a moins de valeur que l’argent qu’ils ont obtenu. Donc, ils ont fait un emprunt et ont obtenu de l’argent avec un certain pouvoir d’achat. L’année suivante ou les années suivantes, lorsqu’ils remboursent leurs dettes, ils remboursent leurs dettes avec de l’argent déprécié. Donc, l’inflation bénéficie à l’endettement et à ceux qui ont des dettes et, donc, au gouvernement. C’est pour ça que le gouvernement veut un taux d’inflation élevé de 2 %. Et lorsqu’on a pas d’inflation, c’est équitable et ça encourage à l’épargne et ça encourage à l’investissement. Si quelqu’un un 50 000 dollars dans son compte et qu’il n’y a pas d’inflation, il va avoir un rendement qui est peut-être très bon et peut-être qu’il ne sera pas tenté d’investir dans une entreprise ou quoi que ce soit. Mais ça c’est aux gens à décider et ces gens vont avoir la liberté de choix d’aller dans un investissement plus risqué, investir dans une entreprise ou de garder leur argent à la banque qui va rapporter quand même de bons intérêts.

    JB : Dans le fond, il y aurait aussi cet effet positif de décourager l’endettement.

    MB : Oui. Et surtout chez les gouvernements.

    JB : L’autre chose qu’il faut que je pose comme question, c’est tout le temps ça : les politiciens arrivent et ils disent «Beaucoup moins d’impôts, beaucoup plus de plaisir, tout va être beau». Comme ça, ça balance, ce budget?

    MB : Vous avez raison; les gens n’ont pas confiance aux politiciens. Le taux de confiance envers les politiciens ou de crédibilité est près de 0%. Pourquoi Maxime Bernier voudrait comme les autres politiciens ? Je dis, notre plateforme est claire et j’en parle avant l’élection, pendant et après l’élection. Et oui, je dis aux gens comment va faire. Contrairement aux autres, je dis 1) On va couper l’aide internationale. On peut sauver 5 milliards de dollars. Le gouvernement du Canada doit être présent lorsqu’il y a des crises humanitaires dans d’autres pays. Oui, les Canadiens sont généreux. On doit être là lorsqu’il y a des désastres environnementaux dans d’autres pays, c’est important, mais ce n’est pas le rôle du gouvernement du Canada de donner de l’argent dans les pays africains pour lutter contre des changements climatiques. Ce n’est pas le rôle du gouvernement du Canada de bâtir des routes en Afrique. On peut sauver bien de l’argent dans l’aide internationale: à peu près cinq milliards de dollars. Je peux sauver, comme j’ai tantôt, 5 milliards de dollars en abolissant les subventions aux entreprises. Je veux abolir le CRTC dans le secteur des télécommunications, donc on va économiser là aussi. On veut privatiser Postes Canada. Il y a plein de réformes qu’on doit faire, mais les autres politiciens n’ont pas le courage de dire ça. Radio Canada, le budget est de 1,2 milliard de dollars. On veut diminuer leur budget et demander à Radio Canada qu’ils se financent plus avec leurs téléspectateurs, comme PBS aux États-Unis. Donc, on a des réformes pour arriver à un équilibre budgétaire.

    JB : Est-ce que ça balance ?

    MB : Oui, absolument. Il y a trop de fonctionnaires à Ottawa et donc ça c’est des réformes qu’on veut faire pour avoir un gouvernement plus petit à Ottawa, faire des économies et revenir à l’équilibre budgétaire dans un premier mandat du Parti populaire, c’est certain, et notre plateforme électorale va être analysée par le directeur parlementaire du budget qui est un officier du parlement indépendant du gouvernement, un officier du parlement qui a le mandat lorsque les partis politiques le demandent d’analyser et de mettre un coup à la plateforme électorale d’un parti politique. Nous, on va se servir de ses services et oui, il va évaluer notre plateforme indépendamment de notre évaluation et ça va être public. Et donc, on veut s’arranger pour équilibrer le budget, baisser les taxes et faire ces réformes-là. C’est pour ça qu’il faut en parler, de ces réformes-là, mais Andrew Scheer et les autres politiciens ont peur de le dire. Ils vont vous dire : «Oui, je veux l’équilibre budgétaire», mais quand vous leur demandez comment vous allez l’atteindre, vous n’avez pas de réponse. Vous pouvez demander comment je vais l’atteindre, je vais vous le dire comment, en faisant toutes ces réformes.

    JB : Quand on va voir le programme, est-ce qu’on va avoir un budget équilibré qui dit : «Voici combien toutes ces mesures vont nous coûter» ?

    MB : Oui, il va y avoir le coût des mesures. Oui,  le but c’est d’avoir un coût de nos mesures et de nos engagements, c’est important. On veut être transparent avec les Canadiens; c’est ce qu’on va faire.

    JB : En terminant, c’est une question que je pose tout le temps dans l’émission, si tu avais un conseil sur les finances personnelles que tu pourrais transmettre à la jeune version de toi-même ou à des jeunes qui nous écoutent, des jeunes adultes, ça serait quoi la chose que les gens devraient savoir ?

    MB : Premièrement, moi je pense que les gens devraient avoir comme principe d’économiser un pourcentage de leur salaire, mettre ça dans leur REER. Oui, l’État est là, il y a des fonds de pension de l’État, lorsque vous avez 65 ans, mais il faut que vous soyez responsable. La façon d’être responsable, c’est lorsque vous avez votre salaire, comme il y a des retenues à la source sur votre salaire, vous devriez avoir la même logique de retenue à la source de votre propre salaire et retenir un tel pourcentage et économiser ça. Idéalement, il faudrait chaque année que les gens essayent d’être capables de contribuer le maximum dans leur REER. Chaque semaine, une partie de leurs revenus qu’ils ne voient pas devrait aller directement dans leurs économies. Ça, c’est la meilleure façon d’économiser et de s’assurer d’avoir une belle qualité de vie à la retraite.

    JB : Est-ce que c’est quelque chose que tu fais ?

    MB : C’est quelque chose que j’ai commencé à faire, mais j’ai commencé à faire sur le tard et je le regrette. J’aurais dû mettre une partie, un pourcentage de mon salaire en économie dès mon jeune âge.

    JB : Ça serait quoi un pourcentage qui aurait du sens ?

    MB : Ça dépend de chacun, mais je pense qu’au moins, 10% du salaire pourrait être un bon

    début.

    JB : Merci beaucoup d’avoir répondu à toutes mes questions.

    MB : Ça me fait plaisir, merci de l’invitation.

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    Julien a co-fondé Hardbacon pour aider les Canadiens à prendre de meilleures décisions en matière d’investissement. Depuis, il a levé plus de trois millions de dollars et conclu des partenariats stratégiques avec des institutions financières de partout au pays. Avant de lancer Hardbacon, Julien a partagé sa passion pour les finances personnelles et la Bourse en tant que journaliste économique pour Les Affaires. Il a aussi passé le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) et, au fil des ans, a collaboré à différents médias incluant Radio-Canada, LCN et Urbania.