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Open Wallet épisode 2: Emmanuel Cameron

Par Julien Brault | Publié le 03 août 2023

a person smiling with a green circle around him

    Emmanuel Cameron n’est pas millionnaire ni même quelqu’un qui se présente comme un entrepreneur à succès. Malgré tout, c’est un entrepreneur en série qui a connu de nombreux échecs et qui, aujourd’hui, se considère comme un micro-preneur. Il partage aujourd’hui son temps entre son job de jour chez Futurpreneur Canada et son l’incubateur Le Garage à Longueuil, dont il est le président du conseil d’administration. Dans cet entretien, il nous révèle notamment comment survivre en s’alimentant dans les événements de réseautage et pourquoi il n’aurait jamais dû investir dans des cartes de hockey.

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    Julien Brault : Première question pour toi, Emmanuel, sans parler de ton œil au beurre noir, car il faut garder le suspense. C’est quoi ton premier souvenir lié à l’argent ? Je pose ça tous mes invités. Tu te souviens d’un montant particulier?

     

    Emmanuel Cameron : J’en ai deux en fait. Je ne vais pas parler trop vite pour que les gens me comprennent.

    Un de mes premiers souvenirs… On allait jouer au bowling ou au baseball et la personne qui passait avec les petits sacs de chips, ça coûtait juste 25 sous. L’année suivante, c’était 25 cents. La troisième année, c’était rendu une piastre. Et là, c’était la folie. Aujourd’hui, je ne sais plus combien ça coûte.

    JB : Tu parles d’une inflation de 100% par année…

    EC : L’autre souvenir: j’étais un grand passionné de la collection des cartes de hockey. Je n’en avais jamais trop. J’ai fait des super bons investissements et je n’en ai jamais vendu une. J’avais des cartes de Wayne Gretsky de 120 dollars. Je me suis dit: celles-là, je vais les garder et, un jour, ça va valoir mille dollars et aujourd’hui ça vaut 20 dollars…

    JB : Qu’est-ce qui s’est passé ? La bulle s’est effondrée ?

    EC : Ouais, la bulle des cartes de hockey. Ils se sont rendu compte qu’au Canada puis aux États-Unis, ils n’avaient pas bien calculé le nombre de cartes présentes dans le marché. Alors cette carte-là, dans le Beckett à l’époque, on pensait qu’il y en avait peut-être 1 000, mais il y en avait 10 000.

    JB :  Puis tu avais payé combien cette carte-là ?

    EC : 120 dollars. C’était un cadeau de fête que j’avais eu. J’étais bien gâté.

    JB : Elle avait été achetée 120 dollars en fait !

    EC : Oui ça fait mal !

    JB : Dans le fond, c’est un investissement où tu as perdu genre 80% de ta position initiale.

    EC : Oui, Oui ! Mais j’ai appris… Littératie financière.

    JB : Ça, c’est cool. Tu avais quel âge pour les cartes ?

    EC : Ah, les cartes ! J’avais 8 ans à 11 ans. C’était la folie.

    JB : Est-ce que tu étais intéressé ? Il faut que je te confie un secret : moi aussi j’ai collectionné des cartes, mais je n’ai jamais aimé le hockey. J’ai toujours détesté le hockey, mais pour moi c’était comme un investissement financier. J’étais petit, alors, j’avais mal calculé le rendement. Est-ce que tu aimais le hockey? Ou tu voyais ça comme un investissement à cette époque-là?

    EC : Il faut prendre conscience que à l’époque, je ne patinais pas vraiment. C’est juste le volet spéculatif des cartes que je les trouvais intéressants. C’est beau. C’est le fun. Puis, je pouvais les échanger contre d’autres cartes. Il y avait des slammers aussi à l’époque. Il y a plein de choses qu’on pouvait échanger. Mais ultimement, je pense qu’on était dans la même marmite. Mais je joue au hockey aujourd’hui.

    JB : Ok, quand même, tu as plus d’intérêt que moi.

    EC : Oui et ça va revenir plus tard…

    JB : Parle-moi un peu de toi. Tu sais, la plupart des entrepreneurs ont des signes assez tôt qu’il aime ça faire l’argent, ou entreprendre des choses sans demander la permission. Quand est-ce que tu t’es rendu compte que l’entrepreneuriat t’attirait ? Parce que là, tu n’es plus un entrepreneur, mais tu l’as déjà été.

    EC : Ouais j’ai déjà été entrepreneur. En fait, je le suis encore. C’est juste que je fais un genre de side hustle. Je suis entrepreneur à temps partiel, ce qui je pense s’appelle entrepreneur hybride ou micro-entrepreneur. Selon l’Université du Québec à Trois Rivières, un groupe qui fait une étude internationale là-dessus. Il y a de plus en plus l’éclosion de ce type d’entrepreneur dont je fais partie.

    JB : C’est quoi ton side hustle, ton entreprise à temps partiel ?

    EC : En fait, Le Garage. Le premier incubateur à être monté du genre en Montérégie, sur la Rive Sud. Maintenant, il y a aussi 150 avec DEL qui est super nice. Ultimement, si on revient à plus loin en arrière, c’est pourquoi je considère que c’est mon side hustle. C’est un autre OBNL. Je ne fais pas d’argent avec ça, je suis juste fier d’y consacrer une vingtaine à une trentaine d’heures par semaine depuis maintenant deux ans et demi. C’est ce qui explique les rides.

    JB : Wow !  Mais pourquoi tu fais ça ???

    EC : Quand j’étais jeune, pour répondre à ta question, long story short, ce que j’aimais beaucoup,  c’était prendre mes amis de toutes  les communautés, de toutes les activités que j’avais pour faire des méga party ou de mélanger des gens ensemble. J’aimais connecter les gens. Pour moi, c’était super important. C’était plus riche. Il y avait des échanges, des activités que je n’aurais pas faites en d’autres circonstances.

    En vieillissant, j’ai continué à garder ça, mais au niveau de mes implications. Au niveau du secondaire, cégep, université, j’étais tout le temps impliqué dans les communautés étudiantes. Une fois rendu sur le marché du travail, l’implication, grâce à ma copine Catherine, c’est venu dans les jeunes chambres de commerce, les bénévoles d’affaires, la fondation du maire de Montréal. Puis de ça, je trouvais que j’avais besoin de sentir que je faisais partie d’une communauté. J’avais besoin de créer des communautés.

    Au début, je pensais que je devais être dans une communauté pour pouvoir en générer une.

    Partir de la jeune chambre pour m’occuper d’un département, par exemple. À un moment, je me suis rendu compte que, sans faire la jeune chambre, je pourrais juste faire à part cette communauté-là. Il y avait des exemples comme Noah Redler, Ilias Benjelloun, Christian Bélair, LP Maurice. Je les voyais faire puis je me suis dit : est-ce qu’il y a un modèle d’affaire où je peux m’impliquer créer des communautés, permettre au gens d’avancer dans leurs vies, dans leurs carrières. Puis, je me suis dit le milieu d’incubation, ça pourrais le faire.

    JB : Dans le fond, c’est comme un truc de missionnaire.Moi je n’ai jamais compris Ilias. C’est quelqu’un, pour ceux qui nous écoutent, que beaucoup de gens connaissent dans le milieu entrepreneurial. C’est quelqu’un qui organise beaucoup d’évènements un peu comme toi.

    C’est des gens qui donnent beaucoup et qui aident beaucoup les gens. Qu’est-ce qui te pousse à continuer mois après mois ?

    EC : On a eu la chance, pas aux mêmes périodes. Moi ça fait trois ans et demi, que j’ai la chance d’être chez Futurpreneur Canada. Je me suis occupé de beaucoup de région dans l’ouest du Québec. Je me suis beaucoup promené. J’ai vu de monde à Gatineau, à Trois Rivières, à Sherbrooke, à Québec, puis en Gaspésie. Le point dans tout ça, c’est que je me suis beaucoup promené, puis j’ai vu du monde animé, passionné d’être des leaders de communauté, donner du temps à d’autres entrepreneurs.

    Pourquoi ? Parce qu’ils ont simplement découvert qu’au travers de leurs parcours entrepreneuriaux, ils avaient eu besoin de s’entourer de gens. Les gens, la plupart du temps, quand tu leur demandes de l’aide, l’humain moyen fait OK, je vais trouver une façon, je vais t’aider. Quand tu te fais aider, tu as le sentiment de vouloir redonner. C’est vraiment une roue qui part assez rapidement.

    JB : Est-ce que tu te sens redevable à la communauté? Parce qu’on t’a aidé beaucoup à l’époque où tu étais entrepreneur ?

    EC : Oh ouais! Ouais! J’imagine que tu vas poser des questions financières plus tard. Ça a été des moments assez tough. Si je n’avais pas eu cette vie là, où je pouvais manger des sandwichs, boire des bières, parler avec du monde, ramasser des trucs, me faire connecter par des gens, je ne serais pas passé au travers de mes quatre premières années en tant qu’entrepreneur.

    JB : c’est sûr que c’est une bonne pratique d’être capable de prendre de la bouffe quand il y en a. C’était comme une partie de ton budget alimentaire ?

    EC : Ça l’est aujourd’hui. Entre deux activités, je choisis celle où je sais qu’il y a de la bouffe gratos.

    JB : Mais je pense quand même que tu peux te payer un double cheese chez McDo aujourd’hui.

    EC : Ouais. Mais je vais préférer prendre mon temps et arriver 15 minutes ou 30 minutes en avance pour me trouver un parking gratuit, spotter un évènement où il y a de la bouffe. Je ne vais pas manger dans l’événement, pour après ça aller manger chez moi. J’ai conservé des habitudes de ce moment-là. Ça m’a marqué. Je suis heureux sans McDo. McDo free since…Tu n’es pas sponsorisé par McDo ?

    JB : Non, mais j’aimerais ça. Si McDo nous écoute… J’ai une espèce de jeton. Puis, ça s’appelle Open Wallet, écoute. Il ne faut pas que je montre mes cartes par exemple. Attends, je regarde. Ce n’est pas commandité par Tangerine, mais si Tangerine nous écoute. Est-ce qu’on voit la pièce ? C’est super intéressant. C’est une pièce qui vaut un Big Mac.

    Apparemment, ça c’est sûr que c’est de la pub que je fais. C’est récent. C’est pour le cinquantième de McDo Canada; je pense que c’était l’année passée.

    Moi, ce qui m’a fasciné quand j’ai vu ça, c’est que l’indice que fait The Economist chaque année, l’indice du Big Mac. Comme ça prend plein de composantes locales, ils utilisent comme l’indice des prix à la consommation alternatif parce que McDo est présent dans 170 pays techniquement, c’est une monnaie internationale un peu comme le Bitcoin, mais avec beaucoup plus de points où tu peux l’utiliser. Tu peux l’échanger contre un Big Mac partout dans le monde à ce qu’ils m’ont dit. J’aurais aimé en avoir deux : un pour le tester et un autre afin d’en parler.

    EC: Si quelqu’un de McDo écoute, Julien a besoin d’un deuxième jeton.

    JB: Désolé de te parler de moi. Je vais revenir à ta période entrepreneuriale parce que tu me disais justement que tu mangeais des Ramens, mais pas de McDo que tu avais besoin des cocktails dinatoires pour survivre. Raconte-moi comment ça a commencé cette histoire de fou?

    EC : En fait fort d’un parcours assez spécial. Je voulais devenir diplomate en finissant mon cégep, après avoir goûté aux sciences politiques. Ça n’a pas trop fonctionné. J’étais dans les sciences sociales.

    JB: Tu pensais que tu allais devenir ambassadeur parce que tu avais un diplôme en sciences politiques?

    EC: J’étais dans les sciences sociales. Après le cégep, j’étais allé en économie politique.

    Là, je me suis dit qu’est ce qu’on peut faire avec ça. Ce n’est pas grave si ce n’est pas le parcours parfait pour devenir diplomate. J’étais allé un an en Belgique finir mon baccalauréat.

    JB : Tu as étudié en Belgique ? Comment tu t’es payé ça? Parce qu’il me semble que ça doit coûter cher.

    EC : C’est un super bon truc : les bourses. Les bourses qui viennent aussi avec une partie de financement. On n’est pas toujours obligé de prendre la partie financement. Il faut être dans une situation précaire ou semi-précaire. Si on vient d’une famille ou d’un ménage où il y a trop d’argent qui rentre, on y a pas droit.

    JB : Toi, est-ce que ta famille, elle avait trop d’argent ?

    EC : Non, elle n’avait pas trop d’argent, mais je ne pouvais pas avoir non plus le maximum.

    À l’époque, je pense que j’avais eu deux sessions. C’était un an complet, 3200$ de bourse et je ne me souviens plus combien de prêts. Ça me coûtait 10 500$ habiter un an là-bas, toutes dépenses comprises. Mes parents avaient payé mes billets d’avion. Ils m’avaient donné peut-être 1 000 ou 2 000 euros. Ils m’avaient beaucoup aidé.

    JB : Cool, ça devait être une expérience intéressante.

    EC : C’est ça qui a fait en sorte que je suis tombé dans le merveilleux milieu de la bière et des boissons alcoolisées.

    JB : T’es-tu promené dans les abbayes et demandes aux moines de goûter leurs trucs ?

    EC : Ah oui ! Et il y avait aussi les frites, le poisson en bord de mer…

    JB : Ça coûtait cher la bière ?

    EC : À l’époque, je ne sais plus si c’est vrai aujourd’hui, on disait que c’était moins cher que l’eau.

    JB : Il n’y avait pas d’euro à l’époque ?

    EC : Oui il y avait des euros. Ça fait dix ans. Oh je suis vieux. Bon… C’est pas tout à fait de quoi on parle . Non ?

    JB : De ta vieillesse non. On parle de chiffres et d’argent.

    EC : Mon âge n’est pas si intéressant. Ça doit coûter un bon 10 500$, 11 000$ d’être là pendant un an, toutes dépenses comprises… Déjà là, tu développes  des réflexes en voyage qui peuvent être très utiles en tant qu’entrepreneur ou juste pour la vie courante.

    Une fois à mon retour, je prévoyais continuer dans les relations internationales, devenir diplomate. Puis, d’avoir découvert c’était quoi les boissons alcoolisées en terme business, ce que c’est que des chaînes de valeur internationale, qu’il y a tellement d’intermédiaires, de comprendre qu’est-ce qui se passe avec la SAQ une fois rendue ici. Mais ça m’a intéressé de me spécialiser là-dedans au niveau de la maîtrise à HEC.

    JB : Donc, tu t’es dit: «Je ne vais pas travailler, je veux juste étudier.»

    EC : C’est beau ce que tu dis. Tu avais promis des moments de malaises. En fait, on se pose un tas de questions quand on est sur le point de quitter les bancs de l’école. On se dit: « Quelle est ma valeur? Qu’est-ce que je vaux vraiment?»

    JB:  Tu n’étais pas écoeuré justement de manger des ramens? Tu t’es pas dit: j’ai un bac, je vais aller faire de l’argent?

    EC : J’ai quand même vécu chez mes parents sur la Rive Sud. La chose sur laquelle je trippe le moins, c’est le commute, aller de la maison à l’école ou au travail se taper le trafic et tout le tralala. Le fait d’avoir fait ça pendant 4, 5 ans. Je trouvais ça horrible. Mais mes parents m’ont soutenu tout le temps à la fac. Financièrement, c’était très correct.

    JB : Donc pas besoin de McDo. Il y avait de la bonne nourriture à la maison?

    EC : Il y avait de la très bonne nourriture !

    JB : Donc tu as fait une maîtrise ?

    EC : Une maîtrise spécialisée en commerce international. Le champ que j’avais choisi, c’était la commercialisation des boissons alcoolisées dans le monde, sur toutes les meilleures pratiques.

    JB : Ton mémoire de maîtrise, c’était sur quoi ?

    EC : J’étais parti pour faire une revue littérature, pour ceux qui savent c’est quoi, pour les autres ce n’est vraiment pas grave. J’ai lu tout ce qu’il y avait en termes de littérature sur les meilleures pratiques pour vendre du vin dans le monde entier. J’ai sorti de ça les plus grandes tendances. Ça a été un tout petit rapport de 365 pages et grâce à ça j’ai pu aller le présenter ensuite en France à l’European Association of Wine Economics. Ça a quand même valu la peine. Après ça, je pouvais aller étudier en Italie.

    JB : Et ton préféré, c’était la bière ou le vin ou l’absinthe ?

    EC : Non, non pas l’absinthe. C’est bien l’absinthe, mais ce n’est pas un contexte de dégustation. On est en contexte de dégustation. Moi une des choses que j’ai aimé, c’est de découvrir la culture du boire. Parce qu’un des éléments qui m’a amené vers la diplomatie, c’était l’anthropologie j’aime l’humain au centre de tout. Puis comprendre l’humain, pourquoi il fonctionne d’une certaine façon. Comprendre comment la politique intervient et l’économie.

    Puis c’est peut-être pour ça aussi que, l’entrepreneuriat, je ne suis pas tombé loin de là.

    JB : Tu bois plus de bières ou plus de vin ?

    EC : En date d’aujourd’hui, mon frigo te dirait bières surtout. Merci Catherine, mon amour! J’ai à 24 bières de Noël et, chaque jour, j’ai une bière.

    JB : 24 par jour ?

    EC : Non pas 24 par jour, non non, je n’ai pas de problème de boisson.

    JB : J’ai une question pour toi. C’est quoi le plus cher que tu as payé pour l’alcool ?

    EC : Cool, j’aime ça ces questions-là. Je l’ai bu par contre, si les gens veulent me dévaliser, désolé, je ne l’ai plus. Mais je pense que c’était une bouteille à 300 dollars. Quand j’ai commencé à travailler dans le domaine du vin suite à ma maîtrise, j’avais accès à des beaux produits. Puis je me suis un peu affolé.

    JB : Tu avais un rabais d’employés ?

    EC : Pas du tout, on avait juste nos bureaux au-dessus, à l’époque c’était le centre de distributions de SAQ qui commençait leurs services de distribution en ligne. On le savait dès qu’il y avait une promotion qu’on pouvait aller chercher les bouteilles. On en avait pas, nous, des rabais, mais on savait qu’on pouvait aller les chercher directement. Je me suis ruiné un petit peu, mais ça valait la peine; beaucoup de belles dégustations.

    JB : Tu te souviens du nom du vin à 300 piastres ?

    EC : Il y a eu du Torbreck un vin australien et peut-être du Opus Wine de Californie. Oh!  Je ne sais plus ce que j’ai bu !

    JB : D’ailleurs, je veux parler de ton expérience d’entrepreneur. Il nous reste combien de temps à peu près ? Je ne veux pas qu’on parle juste d’alcool, c’est la période de Noël on abuse un peu.

    EC: Je vais vous faire plein de recommandations si vous venez me voir au Garage ou chez Futurpreneur. Mais moi ce qui m’intéresse, c’est le business d’alcool. Est-ce que c’est très profitable ? Et si oui c’est quoi ? Est-ce que c’est la bière ? C’est le vin à 300 piastres ? C’est l’alcool ? La Vodka ? C’est où qu’il y a le gros cash ?

    EC : Si on est une agence au Québec, donc on est l’intermédiaire entre le producteur et la SAQ, honnêtement le niveau de profitabilité, il faut avoir énormément de volume vendu en succursale.

    JB : Donc, les agences, elles font un petit pourcentage  ?

    EC : Par caisse vendue indépendamment de la marque. Je ne sais pas moi, 6 dollars par caisse par exemple.

    JB : Ce n’est pas des importateurs comme aux États-Unis. Ils n’ont pas besoin, je ne sais pas moi, d’affréter des bateaux, puis de payer pour tout.

    EC : Par moment c’est eux qui vont devoir utiliser des budgets promotionnels pour faire l’achat d’un produit qu’on ne sait pas que la SAQ va finir pas le prendre. Il faut une commande minimale pour que l’agence puisse commencer.

    JB : Toi tu travaillais pour une agence ?

    EC : Ouais. J’ai eu la chance de travailler avec Twist qui était une spin off de la SAQ. J’ai eu un mandat chez les bières Boris. J’ai adoré mon expérience.

    JB : Je me souviens, là on les voit plus. Ils commanditaient un peu mes affaires. Mais j’ai un magazine qui me payait en bières Boris. Je n’aime pas travailler gratuit, mais eux, ils n’avaient pas d’argent. Ils m’ont dit veux-tu travailler pour les bières Boris? Je l’ai fait un peu. Peut-être que tu travaillais là à ce moment-là ?

    EC : ça fait peut-être 5 ou 6 ans…

    JB : Ah OK non. Il y a 5 ans je travaillais plus pour des bières Boris. Est-ce qu’ils faisaient de l’argent ?

    EC : Chez Boris, j’étais un peu moins impliqué là-dessus. J’étais plus au niveau de l’analyse macro-économique des cidres et des autres. Ils voulaient se diversifier à l’époque. Je regardais d’autres types d’alcool, d’autres marchés à pénétrer.

    JB : C’est intéressant la bière qui vient, elle vient de la France, selon moi la bière Boris ?

    EC: Ouais

    JB: En général, quand tu achètes une bière qui vient d’un autre pays, est-ce qu’elle est brassée ici ? Où elle est mise sur des bateaux ? Je pense que la Heineken est mise sur des bateaux.

    EC : Quand elle est importée oui. Si je ne me trompe pas la Corona, peut-être la Guinness, sont brassées sous licence ici, mais je ne veux pas dire des bêtises.

    JB : La Guinness j’avais entendu que c’était sous licence.

    EC : Il y a des grandes marques. Moi, je suis un gars de micro-brasseries, mais je ne veux rien enlever aux macros. C’est très difficile de reproduire le même standard de qualité bière après bières, sous d’énormes volumes de bières. Les gens qui travaillent là-dedans, ils savent vraiment ce qu’ils font. Personne ne devient aveugle non plus à cause de la qualité du produit.

    JB : Il faut que je te pose une question sur ton parcours. Tu avais des bonnes jobs, j’ai checké ton LinkedIn, puis tu m’en avais mentionné une coupe et tu avais ta niche. Tu n’étais pas le gars qui faisait tout, mais tu étais le gars qui faisait dans la commercialisation des alcools et une maîtrise là-dedans. Tu te faisais combien dans ta dernière job que tu as quittée ?

    EC : Dans les jobs autour de l’alcool, j’étais au début de carrière, c’était du 45-55 milles. Après ça, je suis tombé entrepreneur, et là, ça droppé à 35.

    JB : 35, c’est bon moi, je ne fais pas 35 cette année.

    EC : Hi Five ! Tu subviens à tes besoins et tu fais ça ici, tu es rendu dans la plus most beautiful city in the world. Longueuil Beach! On vient de perdre la moitié de l’audience, excusez- nous!

    JB : Ok OK ! Tu as raison, mais là je veux entendre parler de toi. Qu’est que tu as fait pour 35 000$ ?

    EC: À 35 000$, bah j’ai pleuré.

    JB: Parce que quelqu’un te payait…

    EC : Puis là je me suis énormément diversifié. Ce qui s’est passé. C’est quand ça a été la fin dans le domaine des boissons alcoolisées, parce que c’est un petit marché. Si tu veux sortir un peu de la roue des agences ou la SAQ, il n’y a pas d’autres choix. Il faut aller à l’internationale. Ce qui ne m’aurait pas dérangé. Mais j’ai hustle et à travers les mandats que je suis allé grappiller à gauche et à droite, ma famille m’a énormément aidé. C’est la que je me suis rendu compte la première fois c’est quoi d’être entrepreneur.

    JB : Mais je ne comprends pas exactement. Comment ça s’est terminé ? L’industrie de l’alcool s’est effondrée à une époque ?

    EC : Oh non ! Au niveau de SAQ, il y avait d’autres axes stratégiques à développer. Au niveau des agences d’importation de vin, le rôle que j’avais ne correspondait pas forcément à ce que je voulais faire. Je faisais de l’analyse de données, mais j’aurais aimé parcourir le monde, aller goûter des bouteilles de vin.

    JB : Dans le fond, tu es devenu entrepreneur. Je pense qu’il y en a beaucoup comme ça, parce que ce n’était pas la grosse job de rêves, puis tu l’as quitté pour lancer ton truc. C’était par…

    EC : par nécessité. Je trouvais peut-être un « opportunisme éclairé »

    JB : Là, il faut que je te pose des questions sur ton parcours… J’ai regardé ton Linkedin et t’avais des bonnes jobs. Dans le sens que, pour moi, être opportuniste tout court, c’est de prendre la première chose qui arrive parce qu’on doit se nourrir. Mais moi, ce que j’ai fait, c’est de m’impliquer sur la scène des startups naissantes, dans la scène des affaires et des jeunes professionnels. Au travers de ça, on m’a proposé : C’est quoi ton background? Tu peux nous aider avec nos ventes, avec nos levés de financement?

    JB : Donc c’est quoi ta première expérience avec une startup ?

    EC : International Financial Bridge. Je me rappellerais toujours. Je pense, vous ne la trouverez pas nécessairement.

    JB : Ça a un nom qui a l’air sérieux…

    EC : C’était une fintech avant même que je sache ce que fintech voulait dire. En fait, ça m’est arrivé souvent : apprendre après. Plein de monde ont dû faire, un jour, eh, je suis en AI! Bien oui, tu l’es depuis toujours, mais là, on a mis un nom dessus. L’idée, c’était de faire de l’affacturage au niveau international pour les petits producteurs agroalimentaires qui souvent ont le problème d’essayer de vendre leurs crops dans un autre pays. Ils ont 60 à 90 jours à attendre avant d’être payés. A ce moment-là, c’était des sommes d’argent de 1 à 5 millions. C’était des petites sommes d’argent. Il n’y avait pas de marché pour financer ça.

    JB : L’affacturage, tu me corriges si je me trompe, c’est quand tu as des comptes à recevoir, donc que t’as facturé des clients. Ils te doivent de l’argent, mais ne le donnent pas. Puis, là tu dis à quelqu’un d’autre achète moi cette dette-là, j’ai le cash maintenant. Ça coûte de l’intérêt.

    EC : Ça coûte de l’intérêt au début, donc tu dis rachète moi ma dette à 80% de sa valeur.

    Tu te fais 20% au moment ou tu te fais repayer. Il y a un risque quand même. Mais aujourd’hui, ça facilite beaucoup la vie à beaucoup d’entrepreneurs. Avant, c’était perçu comme dernier recours l’affacturage. Ça a changé.

    JB : Ça dépend de quel type d’industrie, mais si tu donnes 20% de ton chiffre d’affaires à une société d’’affacturage, ça peut tuer ton chiffre d’affaire si tes marges sont de 10%.

    EC : Oui là, à ce moment-là, consultez. On fait beaucoup de blagues dans ton émission.

    JB : C’était une startup, mais ça roulait ?

    EC: Ouais, c’était cool. On était à l’étape de validation, on avait déjà trois banques et des courtiers en Bourse.

    JB: L’argent venait d’où ? Admettons que tu achètes 100 000$ de dettes pour 80 000$, le 80 000$ vient d’où?

    EC: L’argent ne transitait pas par nous on était les intermédiaires.

    JB : Donc, c’est quelqu’un d’autre qui achetait la dette, tu étais comme un broker? On prenait ou bien des points de pourcentage à l’époque, ça remonte quand même à 6 ans, ou sinon on fonctionnait avec une somme d’argent fixe auprès de la banque et non de l’entreprise, parce que c’était le sourcing qui était important.

    JB : L’argent venait de la banque ?

    EC : Oui, c’est souvent la banque locale. La banque locale va financer celui qui fait l’achat parce que son entreprise est située ici, donc il y a moins de risque qu’ils ne retrouvent pas l’argent.

    JB : c’est comme d’aller voir la même banque dans le fond.

    EC : dans le fond, je ne sais pas, mais quelqu’un veut vendre toutes ses céréales de Saint-Jean à quelqu’un en Allemagne pour faire de la bière. À ce moment-là on ferait affaire avec une banque locale allemande pour pouvoir…

    JB : Ça a marché?

    EC : Bah non.

    JB : Pourquoi?

    EC : je pense que les fans derrières c’était super intéressants, super connectés, mettaient beaucoup d’énergie. En bout de piste, il fallait avoir une équipe plus grande, fully committed. Tout le monde se devait de conserver un certain statut en entreprise et personne ne voulait se jeter à l’eau.

    JB : OK, tout le monde était à temps partiel.

    JB : C’est quoi la période la plus creuse sur le plan financier personnellement ? Est-ce que c’est durant cette compagnie-là ou c’est après ?

    EC : Moi, je regarde ça sur un an parce que j’ai toujours été du genre économe, c’est-à-dire je dépense l’argent des autres à ma place. Je veux dire tous les cadeaux, les vingt piastres que j’ai eus, j’ai toujours mis ça à la banque. bien sûr pour avoir de l’intérêt. Donc, passer les 6 mois qui étaient très rough, ce n’était pas grave. Les 6 mois après, je réussissais toujours à me refaire. Ceci étant dit, la période la plus dure étant la période deux ans avant Futurpreneur. Il y a cinq ans. Il fallait que je coure après les contrats, séparation, je reviens chez mes parents. On n’est pas glorieux. On n’a pas une foule d’argent. J’ai baissé ma structure de coûts si on veut. A ce moment-là, il fallait que je me trouve un job.

    JB : Avais-tu des dettes et tout ?

    EC : Non, là-dessus je ne peux pas me plaindre. Juste des dettes positives aujourd’hui. Je suis nouvellement propriétaire d’une maison. Mais à l’époque, mon moment le plus creux, c’était littéralement juste essayer d’acheter une auto.

    JB : Tu en as une?

    EC : Ouais j’en ai une.

    JB : qui t’a coûté combien ?

    EC : 23 000$ ou 24 000$

    JB : Jamais je ne me suis dit qu’une voiture, ça serait un bon achat…

    EC : Oui, tu as des factures tout au long de l’année. Tu as les assurances, tu as l’entretien, tu as l’essence.

    JB : Tu me parlais de dettes positives et négatives. Je ne pense pas que les gens savent c’est quoi. Mais je serais curieux de t’entendre.

    EC : Les dettes négatives, c’est quand tu es triste d’avoir une dette. Les dettes négatives, je pense, c’est le type de dettes qui ne profitent pas à ton enrichissement à long terme, ça dépend.

    JB : Par exemple, ma dette de carte de crédit.

    EC : C’est surtout si tu ne l’utilises pas pour le bon type de dette. Si tu utilises du 20% annuel.

    JB : Je pense que j’étais à 10 %, j’ai un taux réduit.

    EC: Avec qui?

    JB : BMO

    EC : Ok cool. Une grosse part de ma job à Futurpreneur et au Garage, c’est de connaître l’entièreté des produits financiers pour les entrepreneurs et les renseigner là-dessus. Ce n’est pas mauvais. Tu as quand même une haute marge de crédit.

    JB : Mais explique la dette négative v.s. dette positive

    EC : On s’endette aujourd’hui, mais dans une logique où on est capable de pouvoir se refinancer, on va pouvoir augmenter son équité. Avoir les facilités d’avoir des rentrées d’argent par la suite pour pouvoir repayer sa dette, payer l’intérêt.

    JB: Parle concrètement. Donne-moi un exemple!

    EC : La dette positive, je pourrais même m’endetter parce qu’il manque un vendeur dans mon entreprise. Tu veux au niveau personnel ou business ?

    JB: Personnel.

    JB: Mais au niveau business, mon sales, s’il ne fait pas de ventes après un an, j’ai perdu mes 100 000$

    EC: En fait, même au départ, tu te demandes en as-tu vraiment besoin ? C’est de voir est-ce que c’est vraiment le type de dépenses qui va m’amener moi, puis ma business au prochain niveau dans une situation personnelle si je le fais dans une logique où je ne serais pas capable de bien la gérer ou je le fais, mais je pourrais m’en passer ou je n’ai pas fais mon magasinage vraiment bien, ça peut devenir une dette négative même si c’est fait dans une logique positive.

    JB : C’est drôle. Tu as une définition différente de ce que moi je pensais. Mais c’est toi le spécialiste du financement des entreprises. Mais pour moi ce que j’appelle dette positive, c’est quelque chose qui a une valeur tangible c’est-à-dire l’achat d’un building pour un million, prendre une dette avec le taux d’intérêt le plus bas parce que j’ai une hypothèque, dessus puis si ça ne marche pas je peux le revendre un million.

    EC : Je me suis peut-être positionné dans le siège pas du banquier. Un banquier penserait exactement comme ça. Il faut connaître aussi c’est quoi les enjeux d’un banquier.

    JB : ou acheter une entreprise, ça n’a pas besoin d’être un building. Une entreprise, ça peut être une dette positive. Mais pas acheter une startup, par exemple.

    EC : mais par exemple, si j’ai vraiment besoin d’aller passer un mois me déconnecter en Thaïlande parce que ma santé mentale est à un point détérioré. J’ai besoin de me ressourcer.

    JB : Le banquier n’aurait pas trouvé ça positif, c’est clair, mais tu as raison.

    EC : Dans Yes Man avec Jim Carrey, il l’aurait financé. Tu t’en rappelles? Parce qu’il disait tout le temps oui, oui…

    JB : si tu as un banquier qui fait partie de sa secte, tu me donnes son nom

    EC : J’en ai, mais je ne le dirai pas.

    JB : No way! Mais dis le juste à moi, puis après ça je vais le dire à ceux qui nous écoutent.

    EC : Ok, mais on rediffusion à un autre moment Ouais. Mais j’en ai. Pour vrai. 10%

    JB : Deal. Mais là, ton moment, c’est quand tu es retourné chez toi. J’ai vu que tu as participé à plusieurs start-ups, mais est-ce que tu as été co-fondateur d’une de ces start-ups-là?

    EC : Oui sur le tard, parce qu’au début je pensais que je l’étais, mais en fait… il y a des papiers notariés légaux qui viennent confirmer tout ça. J’étais dans des startups où c’était zéro équité zéro paye. Ça, c’est le fun. Tu te mets à avoir zéro attente à ce moment-là. Moi, malheureusement, j’avais des attentes; ça ne s’est pas passé comme prévu. Tu étais dans l’attente de voir est-ce que ton hustle te permet d’aller lever des fonds et qu’on te paye. Généralement, faites attention à ce genre de modèle d’affaires. Autrement, dans l’entrepreneuriat sociale, il y a plusieurs OBNL dont j’ai été co-fondateur.

    JB : Pourquoi tu es attiré vers les trucs qui ne payent pas ?

    EC : Dans les trucs qui payent,  c’est plus à titre d’advisor. L’idée c’est que j’ai aidé beaucoup d’entrepreneurs à lever du cash sans même m’en rendre compte, parce que c’était ce que je faisais quand j’étais dans une startup. Quand je m’impliquais à l’extérieur de la startup, je donnais mes tuyaux à tout le monde. Comme on faire tantôt avec les 10%. Pas parce que je voulais devenir riche. Je n’avais plus de temps. J’étais trop sollicité. Hey Emmanuel ! À qui on devrait s’adresser? C’est quoi le bon montant d’argent ? Au début, je me dis je commence à avoir un modèle d’affaires.

    À ce moment-là, ça a été: «Paye-moi une bière» ou bien «On va aller manger ensemble». J’avais toujours trop de demandes. Puis, je me suis dis, j’ai des advisor dans mes startups, je pourrais devenir advisor moi aussi. J’aime avoir ce volet-là stratégique : connecter les opportunités d’affaires ailleurs.

    JB : Puis le modèle d’affaires, c’est que tu prends un pourcentage ou c’est l’équité dans la compagnie ?

    EC : Non, c’est de l’équité. Et puis pour ne pas avoir la AMF dans le dos tu es mieux de pas prendre de pourcentage à moins que tu sois actionnaire, puis même actionnaire… Ça devrait être seulement le CEO qui peut faire des représentations pour faire des levés de financement. Beaucoup de gens dans l’industrie le font quand même; il y a une sorte de zone grise.

    JB : Il y a des consultants qui vont aller chercher du financement pour prendre un petit pourcentage.

    EC : S’ils sont en marché dispensé, il n’y a pas de problèmes.

    JB : Souvent, ce sont des consultants indépendants.

    EC : Je trouve que c’est important, mais c’est une zone grise actuellement. Il y a beaucoup de gens qui m’aimeront pas.

    JB: Les prêteurs et les investisseurs n’aiment pas ça, mais c’est qui qui enfreint la règle? C’est la compagnie?

    EC : Non l’entrepreneur n’est pas celui qui fait la faute. C’est le consultant. C’est au consultant de s’attacher différemment. Si tu sais que la valeur de ce que tu t’apprêtes à faire, ça se chiffre à des dizaines de milliers ou des centaines de milliers de dollars il y a d’autres façon d’aller chercher cet argent-là que de dire on signe un contrat où j’ai une commission sur l’argent que j’ai touché. Il faut être bright à ce niveau-là.

    JB : Est-ce que  tu as fait ça présentement ?

    EC : Ouais. Ce n’est pas conditionnel. Moi je donne du temps, si l’investissement marche ou ne marche pas, je suis là. Je tiens à dire que tous les avis de financement que j’ai donnés ont marché cette année sauf une.

    JB : Tu es dans combien de compagnies comme ça advisor ?

    EC : Officiellement je dirais 3 et demi. Je t’aurais dit 5 en début d’année, puis étrangement… quand c’est le temps de signer des affaires, ça se fait pas.

    JB: C’est ça les startup

    EC : Tu sais, on nous a donné l’accès à l’argent. Je pourrais parler à des gens qui veulent être consultants. Pour aider les entrepreneurs, il faut se garder un certain barème. Mais moi, l’objectif ce n’est pas l’enrichissement au travers de ça. C’est une façon de réguler mon temps et de mettre une valeur sur ce que je fais. Parce qu’être advisor, de se faire tirer à gauche puis à droit et de de ne pas avoir les entrepreneurs qui sont conscientisés sur la valeur de bon mentor. Le mentor, c’est dénué de sens économique. C’est vraiment le don de temps, le coaching, le consulting, le advising. Bref, ça vaut quelque chose surtout quand c’est bien fait. Renseignez-vous auprès de votre réseau pour savoir qui sont des bons advisors.

    JB: ça vaut quelque chose quand c’est la bonne personne, et parce qu’il y a plein de bullshit là-dedans.

    EC : Ce qui m’a nui en début de carrière, mais qui m’a permis de redoubler d’efforts pour prouver ma valeur auprès des entrepreneurs.

    JB: Cool merci beaucoup d’avoir pris le temps de te joindre à nous, puis avant de terminer, est-ce que tu as un conseil? Parce que tu aides justement les entreprises à aller chercher du financement, quelque chose qui serait vraiment utile? Si tu pouvais revenir au passé et le dire à ton toi du passé, sur les finances personnelles? C’est quoi la chose qui va créer du cash?

    EC: En deux temps, je me ferais un Hi Five à moi même parce que ce n’est pas tous les jours qu’on peut se voir plus jeune. Je dirais faut pas te ramasser avec un oeil au beurre noir parce que tu es dans la ligue de hockey, il y a des jeunes pleins de stéroïdes qui donnent des coups de hockey dans l’oeil. J’ai essayé de séparer deux personnes qui se battaient. Un Hi Five à moi même pas parce que je suis très fier de ma capacité d’épargne.

    JB: Ce qui est rare. La plupart des gens dépensent tout ce qu’ils gagnent, c’est assez connu.

    EC: Tu peux tellement faire plus dans une logique où tu as besoin de moins.

    JB: Et bien félicitations, parce que tu fais partie des gens qui savent épargner, mais est-ce que tu as quelque chose que tu ne savais pas ?

    EC: ce que je ne savais pas, c’est que c’est vraiment cool un planificateur financier. Ce n’est pas vrai qu’il faut attendre d’être vraiment riche pour y avoir recours surtout indépendamment de la strate financière où tu te retrouves dans le temps. Quand tu vas être rendu riche, tu vas vouloir protéger ton argent et tu voudras même plus faire des rendements de malade. Commence plus jeune quand tu n’as pas beaucoup d’argent, puis renseigne-toi par rapport à ça. Il y a plein de beaux outils qui peuvent t’aider et un truc que je n’ai pas fait et que j’aurais aimé faire; j’aurais aimé avoir le type d’outil que tu as déployé plus jeune pour jouer avec aujourd’hui, il va falloir que je reparte mon épargne suite à avoir acheté une maison, l’épargne n’est plus là.

    J’aimerais, quand j’aurai de l’argent de côté moi-même, jouer avec ton app pour comprendre la logique quand c’est ton argent, tu le suis, tu comprends qu’est ce que tu fais comme move tandis que quand tu laisses quelqu’un d’autre s’en occuper pour toi, tu perds de vu ça.

    JB : C’est la même chose qu’avec les aviseurs de start-ups; si tu en rencontres un dans immeuble, tu ne lui dis pas viens prendre 5% de ma compagnie sans poser de question.

    EC : C’est un mariage, ça dure longtemps. Si ça se passe bien, sinon, voyez-vous un exit le plus vite possible.

    JB: Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à nos questions, merci à tout le monde de nous avoir écoutés. Je pense que c’est la dernière émission pour 2018. On va revenir en force janvier. On une coupe d’invités, je ne sais pas si je suis supposé le dire, mais on a George Laraque qui a confirmé, puis il y a d’autre qui sont presque confirmés, mais que je vais garder pour moi. Ils sont super cool. Profitez des fêtes et enrichissez les compagnies d’alcool!

    JB: Merci beaucoup Emmanuel.

    EC: Thanks! Merci beaucoup.

    Julien a co-fondé Hardbacon pour aider les Canadiens à prendre de meilleures décisions en matière d’investissement. Depuis, il a levé plus de trois millions de dollars et conclu des partenariats stratégiques avec des institutions financières de partout au pays. Avant de lancer Hardbacon, Julien a partagé sa passion pour les finances personnelles et la Bourse en tant que journaliste économique pour Les Affaires. Il a aussi passé le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) et, au fil des ans, a collaboré à différents médias incluant Radio-Canada, LCN et Urbania.