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Les six ratios de valorisation que tout investisseur boursier qui se respecte devrait connaître

Par Enguerrand Sueur | Publié le 20 août 2023

An image of a vibrant abacus, adorned with wooden beads of various colors, used for mathematical calculations.

    Pour gagner en Bourse, vous devez acheter des actions lorsqu’elles sont sous-évaluées et vous en départir lorsqu’elles sont surévaluées. La clé est de savoir comment choisir des actions peu onéreuses que vous pourrez revendre à un prix plus élevé. Quoique tous imparfaits, les ratios de valorisation vont vous permettre de déterminer si une entreprise est sous-évaluée ou surévaluée. La plupart des courtiers en lignes offre des ressources qui vous aide à analyser les ratios de valorisation des compagnies. Vous pouvez rapidement voir ces ressources dans un comparateur de courtier en ligne. Voici donc les six ratios de valorisation que vous devez absolument connaître. 

    Le ratio cours/bénéfice (C/B)

    Le ratio cours/bénéfice (C/B), ou price/earnings ratio (P/E) en anglais, est de loin le ratio de valorisation le plus connu. Il indique ainsi combien d’années il faudra pour que les profits de l’entreprise viennent couvrir le prix d’achat de l’entreprise. 

    En ce qui concerne son calcul, le ratio cours/bénéfice est le rapport entre la capitalisation boursière d’une société, divisée par le bénéfice net. On peut aussi le calculer en prenant le prix d’une action divisé par le bénéfice net par action. Plus le ratio cours/bénéfice est faible, plus l’entreprise sera considérée comme peu chère. À l’inverse, plus le ratio cours/bénéfice est élevé, plus l’entreprise sera considérée comme chère. 

    En règle générale, une entreprise ayant un ratio C/B inférieur à 10 est considérée peu chère. Un ratio C/B inférieur à 10 peut refléter le fait que le marché considère que l’entreprise ainsi valorisée est risquée ou encore en déclin. Une entreprise ayant un ratio compris entre 10 et 20 est dans la moyenne. Enfin, une entreprise ayant un ratio supérieur à 20 est considérée comme chère. Les entreprises en forte croissance ont souvent des ratios C/B supérieurs à 20, qui reflètent le fait que le marché s’attend à une forte croissance des bénéfices au courant des prochaines années. 

    Toutes les industries et tous les modèles d’affaires ne sont pas égaux. Par conséquent, les investisseurs ne valorisent pas les profits de toutes les entreprises de la même manière. Par exemple, dans le secteur automobile, vous pourrez trouver sur l’application Hardbacon les ratios C/B de Toyota, Ford et Tesla. Vous pourrez ainsi rapidement voir si l’action de Tesla semble correctement évaluée comparativement à ses concurrentes. Dans le même ordre d’idée, une autre approche est de comparer le ratio C/B de l’entreprise qui vous intéresse au C/B moyen des entreprises d’un indice (le S&P500, par exemple).

    Enfin, sachez que le C/B n’est pas un indicateur magique. Ce n’est pas parce que vous achetez des actions dont le ratio C/B est bas que vous allez faire du rendement. L’une des lacunes du ratio C/B est qu’il tient compte du prix actuel de l’entreprise (un indicateur lié au présent) et le bénéfice net annuel (un indicateur lié au passé, soit l’année précédente). Or, il n’est pas certain que les résultats passés d’une entreprise se répètent dans le futur. Le ratio C/B pourrait donc vous donner un signal d’achat, alors que les bénéfices viendraient à s’effondrer durant le trimestre ou l’année suivant votre achat.

    Le ratio cours/valeur comptable

    Le ratio cours/valeur comptable ou price to book ratio (P/B) en anglais indique combien vous allez payer pour les actifs nets d’une compagnie. Concrètement, il s’agit de la capitalisation boursière de cette compagnie divisée par sa valeur comptable (appelé aussi valeur au livre). Cette valeur comptable peut être obtenue en soustrayant le montant des dettes d’une entreprise de ses actifs tangibles, comme des bâtiments, équipements et autres actifs ayant une valeur de revente. 

    Un ratio cours/valeur comptable peu élevé signifie que l’entreprise est peu chère pour la quantité d’actifs détenus. À l’inverse, si le ratio cours/valeur comptable est élevé, cela signifie que l’entreprise est chère pour la quantité d’actifs nets  détenus.

    On va surtout utiliser ratio cours/valeur comptable pour évaluer une entreprise en déclin ou déficitaire. Un ratio cours/valeur comptable en bas de 1, par exemple, signifie qu’un acheteur pourrait faire de l’argent en achetant l’entreprise dans son entièrement et en la vendant en pièces détachées.

    Gardez en tête que ce ratio n’est pas utile pour évaluer des entreprises dont l’essentiel de l’actif est intangible, comme les entreprises technologiques ou les entreprises de services. 

    Le ratio cours/ventes

    Le ratio cours/ventes (C/V) ou Price to Sales (P/S) en anglais indique combien vous allez payer pour les ventes réalisées par la société. Ce ratio peut être calculé en divisant la capitalisation boursière d’une entreprise par ses ventes annuelles. 

    Le ratio cours/ventes peut être très utile pour évaluer une société déficitaire, car le ratio cours/bénéfice est impossible à calculer en l’absence de bénéfices. 

    Il existe aujourd’hui de nombreuses compagnies qui ne génèrent pas de bénéfices, car elles sont en difficulté ou encore, car elles investissent massivement dans leur croissance. C’est le cas de nombreuses sociétés dans le secteur des technologies. Un bon exemple du phénomène est la compagnie canadienne Shopify, basée à Ottawa, qui permet aux PME de créer des boutiques en ligne. Pour déterminer si on paye cher ou non pour Shopify, on pourrait par exemple comparer son ratio C/V à celui de sociétés similaires comme Lightspeed POS et GoDaddy. 

    Le ratio cours/bénéfice prévisionnel

    Le ratio cours/bénéfice prévisionnel ou Forward Price to Earnings est le petit frère enthousiaste du ratio cours/bénéfice. Plutôt que de diviser la capitalisation boursière de l’entreprise par ses bénéfices de l’année dernière, on divise sa capitalisation boursière par les bénéfices que les analystes qui suivent l’entreprise prévoient que l’entreprise fera l’année suivante. 

    Par exemple, si le consensus des analystes est que les bénéfices de Coca-Cola doubleront l’année prochaine, le ratio cours/bénéfice prévisionnel de Coca-Cola sera deux fois moins élevé que son ratio cours/bénéfice. Par conséquent, le cours/bénéfice prévisionnel est surtout utile pour évaluer des entreprises en croissance qui sont profitables, et qui voient leur profitabilité augmenter.

    Le ratio PEG

    Une fois votre ratio cours/bénéfice calculé, vous pourrez calculer le ratio PEG. Ce dernier se calcule en divisant le ratio cours/bénéfices par le taux de croissance moyen attendu des bénéfices au courant des prochaines années. On peut calculer le taux de croissance moyen des bénéfices en se basant sur les prévisions des analystes. 

    Concrètement, ce ratio permet de mieux évaluer les entreprises en grande croissance, auxquels le ratio cours/bénéfice et même le ratio cours/bénéfice prévisionnel ne font pas forcément justice. Avec le ratio PEG, on attribue une valeur à la croissance des bénéfices, et non pas seulement aux bénéfices de l’année précédente ou de l’année suivante. 

    De façon générale, si le ratio PEG est inférieur à 1, l’action sera considérée comme sous-évaluée. Il y a donc une opportunité d’investissement. Si le PEG est supérieur à 1, alors, l’action sera considérée comme surévaluée.

    Encore une fois, le ratio PEG est à utiliser avec précaution, car il n’est pas dit que les prévisions des analystes se concrétisent. 

     

    Le ratio cours/flux de trésorerie disponible

    Le ratio cours/flux de trésorerie disponible ou Price to Free Cash Flow en anglais, est un ratio mettant en relation le cours boursier d’une compagnie avec la trésorerie disponible  générée au courant de la dernière année. C’est en quelque sorte le cousin sceptique du ratio cours/bénéfice, puisque la seule différence est qu’on remplace le bénéfice par le flux de trésorerie disponible généré, qui est selon de nombreux investisseurs un meilleur indicateur de la santé financière d’une entreprise que les bénéfices. 

    En effet, alors qu’il est possible pour les dirigeants de maquiller une baisse de profitabilité, en sous-estimant les amortissements ou encore en facturant au moment opportun, les flux de trésorerie ne mentent pas. Il s’agit de la différence entre les entrées et les sorties d’argent, ce qui ne laisse pas vraiment place à l’interprétation. Cet indicateur est donc privilégié par les investisseurs plus conservateurs. 

    À titre d’exemple, une entreprise peu profitable ayant des flux de trésorerie élevés sera en très bonne position pour verser des dividendes ou réaliser des acquisitions, tandis qu’une entreprise déclarant des bénéfices élevés, mais affichant un flux de trésorerie disponible négatif pourrait théoriquement devoir suspendre le paiement de son dividende ou même faire faillite. 

    Ainsi, plus le ratio cours/flux de trésorerie disponible est élevé, plus vous payez cher pour les flux de trésorerie d’une entreprise. Il convient aussi de préciser que certaines entreprises ont des flux de trésorerie disponible négatifs, car elles investissent dans leur croissance. 

     Avant d’investir dans une compagnie, assurez vous de connaitre les six choses que vous devez savoir sur une entreprise avant d’y investir. Si vous commencez à investir, consultez l’article partir du bon pied à la Bourse.

    Enguerrand est analyste financier chez Hardbacon. Passionné de finances, il s’intéresse tout particulièrement à la gestion de portefeuille et à l’analyse de titres. Chez Hardbacon, il est responsable de la rédaction d’articles sur l’investissement. C’est également lui qui compile les listes d’actions et de FNB disponibles dans la section «Explorer» de l’application mobile de Hardbacon.