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Devrait-on avoir peur de l’inflation américaine?

Par Maude Gauthier | Publié le 26 juil. 2023

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    L’inflation américaine sème l’inquiétude parmi les gestionnaires de portefeuille sondés par la Bank of America. Quant à la Réserve fédérale, la Fed pour les intimes, elle se dit aucunement inquiète.

    Qui dit vrai? Qu’est-ce que l’inflation? Quels impacts peut-elle avoir sur vos finances? Devriez-vous continuer d’investir dans votre portfolio?

    Les banques centrales, chiens de garde de l’inflation

    Qu’est-ce que l’inflation? C’est une hausse générale et durable des prix des biens, mesurée à l’aide de l’indice des prix à la consommation (IPC). Elle pourrait bien devenir votre meilleur ennemi en surpassant l’augmentation de vos revenus et les rendements de vos investissements. Les banques centrales des différents pays, comme la Fed dans le cas des États-Unis, surveillent cet indicateur de près.

    Les mesures de relance économique mises en place pour sortir de la crise provoquée par la pandémie risquent de précipiter le retour de l’inflation américaine. Cette prédiction semble déjà se réaliser puisqu’en avril, l’inflation a largement dépassé les attentes avec une augmentation quatre fois supérieure aux prévisions. Sur une base annualisée, on parle d’environ 3,4 %. Cette poussée a causé des soubresauts sur les marchés boursiers, déjà volatils.

    Les cycles économiques expliqués

    Pour Ray Dalio, fondateur du fonds Bridgewater Associates, un cycle d’endettement débute avec des dépenses qui augmentent et des prix qui montent peu à peu parce que la production des biens ne suit pas tout à fait le rythme des dépenses, ce qui crée une rareté. L’inflation se taille une place et grandit, et le pouvoir d’achat des consommateurs diminue.

    Pour éviter que l’inflation ne s’emballe, le principal outil des banques centrales est le taux directeur, qui dicte les taux d’emprunts dans les institutions financières. La montée des taux diminue l’accès au crédit, et donc abaisse les dépenses des consommateurs. Ceux-ci ne peuvent plus emprunter comme avant parce que leurs versements mensuels seraient trop élevés. Et puisque leurs dépenses sont les revenus de quelqu’un d’autre, l’ensemble de l’économie doit s’ajuster et les prix partent à la baisse.

    Lorsque le phénomène d’endettement croit d’une manière démesurée, que les taux d’intérêts sont déjà bas et que le poids de la dette devient trop élevé, on risque d’entrer en récession, voire en dépression économique. On perd des emplois, les gouvernements mettent en place des mesures d’austérité, la valeur de nos investissements immobiliers et boursiers chute, etc. La crise de 2008 en fut un bon exemple. Le gouvernement récolte moins d’impôts sur les revenus, mais il doit dépenser et investir pour stimuler l’économie. La banque centrale peut alors imprimer de l’argent et acheter des obligations du gouvernement, ce qui donnera les fonds nécessaires à ce dernier pour investir dans divers programmes de relance.

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    Avec l’arrivée de la pandémie de Covid-19, les banques centrales de plusieurs pays ont réagi rapidement en ramenant les taux d’intérêt autour de zéro. Elles ont aussi créé de l’argent frais et augmenté la masse monétaire en circulation. Tout cet argent est injecté dans l’économie, ce qui contribue à générer l’inflation.

    Les effets potentiels de l’inflation américaine, source d’inquiétude

    Quand l’inflation est relativement faible, stable et prévisible, il est plus facile pour tout le monde de prévoir ses dépenses. Les consommateurs, les investisseurs et les entreprises ont confiance en l’avenir. À l’inverse, une inflation forte inquiète tout le monde, parce qu’ils ne peuvent pas anticiper leurs dépenses. Dans le contexte actuel, si l’inflation continue de monter et que les taux directeurs sont relevés, cela pourrait engendrer des corrections boursières. Déjà, les inquiétudes des investisseurs rendent le marché très volatil.

    À court terme, augmenter les taux d’intérêt risquerait par contre de tirer dans le pied de la reprise économique. Selon le Fonds monétaire international (FMI), une hausse progressive des taux américains serait bienvenue. La générosité des gouvernements pendant la pandémie continue d’exercer une pression sur les prix des actifs et augmente notre vulnérabilité financière. Puisque la relance économique se réalise à différentes vitesses à l’échelle planétaire, le FMI met toutefois en garde contre des hausses rapides et soudaines des taux américains, qui feraient obstacle à la reprise mondiale.

    Avec le retour de l’inflation, très marquée en avril, est-ce que la Fed relèvera les taux d’intérêt? Selon la direction, l’inflation ne devrait être que temporaire, donc sa réponse est non. À son avis, le chômage limitera l’inflation des salaires, et par conséquent la hausse des prix, puisque 10 millions de travailleurs américains sont toujours sans emploi.

    Fait-on confiance à la Fed pour prendre les bonnes décisions aux bons moments? Pourquoi pas! Après tout, ses dirigeants ont de l’expérience derrière la cravate. Et de toutes les manières, on n’a pas tellement le choix!

    Maude Gauthier est journaliste pour Hardbacon. Depuis qu’elle a terminé son Ph.D. en communication à l’Université de Montréal, elle écrit sur la finance, les assurances et les cartes de crédit pour des entreprises comme les Fonds FMOQ et Code F. Utilisatrice responsable de cartes de crédit, elle peut passer des heures à lire les petits caractères pour bien comprendre leurs avantages. À cause de leur simplicité, elle a développé une préférence pour les cartes avec remises en argent. Après avoir subi des hausses salées avec son ancien assureur, elle peut maintenant affirmer fièrement avoir économisé des centaines de dollars en magasinant ses assurances auto et habitation. Dans ses temps libres, elle lit une multitude de romans et profite du streaming de quelques émissions populaires (et possiblement moins populaires, comme les documentaires animaliers).