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Comment lire un relevé de compte de placement : ce qu’on y trouve, ce qu’on n’y trouve pas et les questions qu’il faut se poser

    S’il est un élément important dans un relevé de compte de placement, c’est bien la performance. Mais pas seulement. D’autres éléments comme la stratégie d’investissement, la composition du portefeuille, l’indice de référence, le classement, les frais, mais aussi la volatilité de l’investissement, sont des éléments importants à considérer pour s’assurer de la conformité de votre/vos placements avec votre objectif d’investissement.

    Commençons donc par la performance.

    Celle-ci est généralement présentée sous 2 formes principales. La plus commune consistera à exprimer un rendement en % sur une année civile identifiée (par exemple en 2020 le fonds a eu une performance de 5,5 %, 2019 6,3 %, etc.) et sur l’année courante (le fameux YTD, ou « year to date »). On pourra également trouver des rendements dits annualisés sur une période de 10 ans, 5 ans 3 ans, ou moins. Une performance annualisée rapporte la performance cumulée à une période. Elle permet de comparer immédiatement différents fonds. Ainsi une performance annualisée de 6 % sur 10 ans, indiquera que l’investissement aura rapporté un équivalent de 6 % par an sur 10 ans. Bien entendu la performance annualisée ne correspond quasiment jamais à la réalité connue chaque année, mais c’est une mesure très utile pour juger instantanément la performance d’un fonds par rapport à un autre sur une durée identique.

    Pour les individus plus « visuels », on pourra illustrer la performance par une représentation graphique du cours (la valeur liquidative) du fonds et/ou représenter la croissance d’une somme (généralement de 10 000 CAD) sur un graphique, permettant ainsi d’identifier plus rapidement l’évolution.

    Si la performance du fonds est importante, elle n’est pas suffisante pour juger de VOTRE performance. En effet, à moins d’investir sur exactement la même période de référence, la performance de votre investissement sera différente.

    On comprendra bien par exemple que si on a investi dans un fonds X est parti du 1er décembre de l’année 2020, la performance de notre investissement ne sera évidemment pas la même que la performance affichée du fonds sur l’année en question.

    Par conséquent votre relevé de fonds de placement devra indiquer votre taux de rendement personnel. Celui-ci tiendra compte de vos apports, de vos retraits et de la date à laquelle ses derniers ont été réalisés. Ce taux de rendement pondéré en fonction de la valeur en dollar, sera donc la « vrai » performance de votre/vos investissements.

    Restons sur la performance.

    La gestion de fonds de placement est un métier. Il existe des centaines de milliers de fonds de placement dans le monde. Comment faire pour être sûr que le ou les fonds dans votre portefeuille sont de bonnes qualités ?

    Il existe des classements qui vont juger de la qualité d’une performance par rapport au risque qui est pris par le gérant (une performance de 7 % avec un risque de 10 % sera largement meilleure qu’une performance de 15 % avec un risque de 45 %). Sans s’étendre sur cette relation essentielle du rendement/risque, certains promoteurs de fonds de placement vous permettent de juger leur fonds par rapport à d’autres fonds de la même catégorie. On parlera alors de rang quartile.

    Vous pouvez donc avoir dans certaines fiches de fonds des informations sur le « Quartile ». La lecture est simple. Un fonds dans le 1er quartile sera un fonds qui fera partie des 25 % meilleurs fonds de sa catégorie. Un fonds dans le 4e (et dernier) quartile ne sera pas bon du tout. La pertinence du quartile sera d’autant plus grande que la période de constat sera étendue. Un fonds dans le 1er quartile sur une 1 mois ne sera, à priori, pas une indication pertinente pour un horizon d’investissement de moyen long terme. Les périodes de 3 ans et plus sont généralement privilégiées.

    Certains rapports de fonds indiqueront également le nombre total de fonds dans la catégorie afin de donner une pertinence accrue à ce quartile. Un fonds 1er quartile dans un univers de 2500 fonds sera, pourra donner plus de confort a l’investisseur quant à la qualité du gérant qu’un fonds 1er quartile dans un univers de 100 fonds.

    La performance est importante évidement, mais une performance étant le reflet d’un niveau de risque il est capital de s’assurer que les investissements choisis (ce qu’on pourra appeler la politique de gestion) correspondent précisément à vos objectifs d’investissements. Il sera donc important de s’assurer que le rapport de placement indique clairement l’objectif de placement. Et que celui-ci soit en adéquation avec vos souhaits.

    En plus de l’objectif de placement, une mention à la catégorie de fonds devrait figurer sur le relevé de compte de placement. S’agit-il d’un fonds ou d’une allocation obligataire ? Fonds ou allocation actions ? Fonds négociés en bourse ? Fonds alternatifs ? Fonds privés ? Fonds d’allocation d’actifs ? etc.

    Les frais de gestion sont également une composante très importante de la performance. Ceux-ci représentent en moyenne près de 2 %. C’est un impact considérable.

    Pour illustrer le propos, imaginons un investissement de 6 % pendant 10 ans. Pour une somme de 10 000 CAD vous aurez au bout de 10 ans 17 908,47 CAD. Si les frais de gestion sont de 1,8 % par an, alors votre rendement NET sera de 4,2 % soit sur une base annualisée, la somme de 15 089,58 CAD.

    Les frais de gestion correspondent à la rémunération du gestionnaire de fonds. Selon la complexité de la gestion, ils seront plus ou moins élevés. Il existe également des frais de performance pour certains types de fonds (essentiellement les « hedge funds).

    À ces frais de gestion, il faut ajouter, éventuellement, des frais d’adhésion (qui vont rémunérer un vendeur), des frais de sorties (dégressifs avec le temps), mais également tous les frais liés à la gestion du fonds, les taxes. On parlera alors d’un ratio de frais de gestion (RFG) ou d’un TER (total expense ratio) selon les juridictions.

    Il est donc très important qu’une mention claire des frais prélevés soit faite. Souvent les frais sont indiqués en dollars. Il est important que leur mention en % du montant des actifs soit également indiqué. C’est une évaluation plus objective qu’une valeur nominale.

    Cette remarque vaut également pour la performance. Une performance de 100 000 CAD c’est beaucoup sur 200 000 CAD d’investis (50 % de performance), mais pas grand-chose sur 10 000 000 CAD (1%).

    Il est également important, toujours dans le but de s’assurer que vos placements reflètent votre objectif, d’avoir une analyse du portefeuille.

    Celle-ci, même si elle est sommaire, permettra de connaitre la répartition des actifs (liquidité, revenu fixe, actions) et de voir donc que cela correspond à notre volonté de placement. Idéalement il y aura aussi une répartition géographique par type d’actif. Certains iront même jusqu’à renseigner sur les styles de gestion (valeur, croissance, croissance à prix raisonnable), le type d’action (petite, moyenne ou grande capitalisation), mais également sur des métriques (rendement, PE, etc.)

    Pour un relevé de placement obligataire, il faudra aussi renseigner les qualités de crédit, les types d’obligations (fixe, variable, convertible, CMS, etc…), les dérations (une indication du risque de taux lié à la détention obligataire), les rendements nominaux et actuariels…

    Il pourrait être important également d’avoir la taille du fonds, sa date de création, mais aussi s’il y a lieu les indices de références (c’est-à-dire qu’elle va être la base de comparaison du fonds). On ne va pas, par exemple, comparer la performance d’un fonds obligataire avec celle d’un fonds actions. N’y comparer la performance d’un fonds de petites et moyennes capitalisations nord-américaines avec un fonds de grandes capitalisations européennes.

    On peut néanmoins s’essayer à de telle comparaison en repérant un ratio de Sharpe ou de Sortino sur une fiche de fonds ou dans un rapport de placement. C’est une indication de performance par rapport à un niveau de risque. En d’autres termes est-ce que la performance de mon fonds (ou de mon portefeuille) est plus que proportionnelle au risque pris ? Malheureusement ce genre de ratio est rarement disponible pour un fonds mutuel et/ou sur un relevé de placement. Ils peuvent néanmoins être calculés facilement si vous disposez de l’historique des prix de vos fonds (ou de la valeur de vos placements).

    En résumé, un relevé de placement devrait contenir les informations suivantes :

    • L’objectif de placement
    • Analyse du rendement (en dollar et en rendement sur plusieurs périodes) et bien entendu le prix des fonds (prix moyen d’acquisition, cours actuel)
    • Le ratio des frais de gestion
    • La répartition des actifs et/ou la catégorie du fonds
    • Les indices de références

    On pourrait également être attentif au

    • Rang quartile
    • La volatilité ou l’écart type (souvent remplacé par une mention du niveau de risque)
    • La taille des fonds
    • Leur date de création

    La liste pourrait être plus longue, mais le maitre mot, est qu’il faut toujours investir dans des choses que l’on comprend. Il ne faut donc pas hésiter à poser des questions et surtout exiger de son intermédiaire qu’ils y répondent objectivement et sans jargon financier (même si c’est parfois difficile comme ce mémo le démontre ).

    C’est la passion pour les marchés financiers qui est le moteur de la carrière d’Olivier. De la gestion privée à ses débuts professionnels en Suisse à la gestion de fonds de placement au Canada, en passant par l’analyse et la sélection de fonds, Olivier s’est employé à communiquer et conceptualiser des idées à des audiences variées dans le but de rendre accessible des notions trop souvent présentées comme « complexes ».