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Sondage : les télétravailleurs canadiens n’accepteront plus un retour en présentiel, même s’ils y étaient contraints

Par Stefani Balinsky | Publié le 19 avr. 2023

a room of office with computers and headphones and a white board

    Le retour au bureau fait beaucoup parler de lui et ceux qui travaillent à distance ont un avis très tranché à ce sujet. Selon un sondage publié aujourd’hui par Hardbacon, plus de 80 % des télétravailleurs canadiens se mettraient à chercher un nouvel emploi si leur employeur exigeait qu’ils retournent au bureau à temps plein.

    Dans ce sondage en ligne, Hardbacon demandait aux Canadiens leur avis sur le retour au bureau à temps plein. Les travailleurs 100% à distance et ceux évoluant dans une configuration hybride ont pu exprimer ce qu’ils feraient s’ils étaient obligés de travailler en présentiel tous les jours.

    Le résultat est sans appel pour les employeurs : réfléchissez bien avant d’obliger vos employés à retourner au bureau à temps plein car cela pourrait vous coûter cher. Les employés aussi paieraient le prix fort, dans la mesure où la contrainte d’un retour au bureau signifierait pour eux de devoir chercher un nouvel emploi.

    Revenir au bureau signifie chercher un nouvel emploi

    D’une part, les travailleurs à distance préfèreraient chercher un autre emploi plutôt que de revenir au bureau. D’autre part, les employeurs sont actuellement confrontés à des bureaux vides alors qu’ils payent des loyers, une dépense qui se justifierait davantage grâce à un éventuel retour en présentiel.

    Ce que les chefs d’entreprise oublient, c’est les coûts à la charge des employés que les allers et retours au travail engendrent.

    En juin de cette année, le PDG de Tesla, Elon Musk, a exigé de ses employés qu’ils reviennent au bureau au moins 40 heures par semaine, faute de quoi ils pourraient être licenciés.

    En août, Apple a annoncé que les employés devaient retourner au bureau au moins trois jours par semaine à partir du 5 septembre. De telles décisions sont justifiées par le fait que ces entreprises produisent des biens physiques ainsi que des produits numériques : une certaine forme de travail sur place est nécessaire.

    Plus près de chez nous, c’est la Banque Royale du Canada qui a tenté de faire revenir ses équipes en présentiel mais, selon un rapport d’août, c’est une approche hybride qui a été préférée.

    Shopify a décidé en mai 2020 de maintenir sa politique de télétravail à temps plein au-delà de la pandémie.

    Les petites entreprises pourraient être portées à imposer un retour au bureau sous prétexte qu’en personne, la productivité et la collaboration sont meilleures, ainsi que pour justifier le loyer.

    Cependant, l’enquête de Hardbacon révèle que les employés chercheront de meilleures opportunités ailleurs, si une telle chose devenait réalité. Les coûts d’embauche et de formation de nouveaux employés auront autant d’impact sur le résultat net des entreprises, que les coûts fixes actuels liés aux loyers.

    Une politique stricte de retour au travail en présentiel reviendra cher aux entreprises, en termes de loyauté des employés.

    Augmenter les salaires pour compenser le travail en personne?

    Les Canadiens ne souhaitent plus se voir imposer de dynamique de travail. Sans surprise, ils aimeraient être compensés financièrement pour retourner au bureau tous les jours.

    Les répondants au sondage s’attendent à des hausses de salaire moyennes de 26,93 % pour revenir à temps plein. Cependant, même une augmentation ne leur ôterait pas l’envie de chercher un autre emploi.

    L’inflation accentue la tendance

    Le taux d’inflation du Canada est de 7 %, hors nourriture et essence. Aujourd’hui, l’essence coûte environ 1,75 $/L, alors qu’il y a un an, son prix s’élevait à 1,41 $/L. D’avril 2021 à avril 2022, le coût des aliments a bondi de 9,7 %. Quel que soit leur domaine d’activité, les travailleurs ne peuvent plus ignorer l’augmentation des prix dans ces deux secteurs.  

    Les taux d’intérêt ont eux aussi augmenté. Ceux qui travaillent à domicile et dont les versements hypothécaires ou les loyers sont plus élevés tiennent également compte de ces aspects quand la question de reprendre le travail en personne est à l’ordre du jour.

    Pour les entreprises, augmenter les salaires afin de revoir les employés dans les bureaux serait un véritable fardeau financier, à une époque qui est tout sauf normale.

    Les différences entre les sexes

    À ce sujet, il existe une différence entre les sexes : les femmes ne demandent pas autant que les hommes, qui s’attendent à une augmentation de salaire plus forte pour retourner au travail (28,97%), alors que les femmes souhaitent une augmentation moyenne de 25,42 %.

    Les hommes justifient leurs attentes par des dépenses professionnelles plus importantes. Selon l’enquête, le coût moyen pour se rendre au travail s’élève à 26 $. Pour les hommes, se rendre au bureau coûte 28 $ par jour, alors que les femmes estiment dépenser 24 $ par jour pour travailler en présentiel.

    Si l’on inclut les congés payés, peu de gens travaillent cinq jours par semaine, 52 semaines par an. Toutefois, pour simplifier les calculs, Hardbacon calcule que 26 $ par jour, cinq jours par semaine pendant 52 semaines (soit 260 jours), équivaut à 6 670 $ de frais annuels à la charge des employées qui se rendent dans leur entreprise.

    Pour un ménage dans lequel les deux partenaires travaillent en présentiel cinq jours par semaine, le coût s’élève à 13 520 $ par an : un budget qui pourrait servir à financer de nombreux autres projets, tels que constituer un fonds d’urgence pour bénéficier de plus de sécurité financière ou un capital de base à investir pour l’avenir.

    Voici une autre façon de considérer les choses : 13 520 $ correspond au budget moyen qu’une famille de quatre personnes consacre à l’alimentation, au Canada.

    Le retour en présentiel coûtera cher aux employés et pourrait même compromettre l’état de leurs finances personnelles. Il pourrait également mettre à mal les initiatives en faveur de la rétention des talents, que les entreprises mettent en place actuellement.

    Le sondage a été mené en ligne par Hardbacon, auprès de 312 Canadiens de plus de 18 ans entre le 6 et le 22 septembre 2022.

    Vous pouvez retrouver Stefani sur LinkedInStefani Balinsky est l’ancienne rédactrice en chef chez Hardbacon. Elle écrit professionnellement depuis ses études universitaires et son stage d’été au festival Juste pour rire. Elle est titulaire de plusieurs diplômes de l’Université McGill et d’un PMP du Project Management Institute. Elle aime les données et la recherche autant qu’elle aime une bonne histoire. Bien qu’elle ait occupé des postes de marketing dans des entreprises du secteur de l’édition, de la santé et de la technologie financière. Vous pouvez retrouver Stefani sur LinkedIn.