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Payer près de 400 000$ pour élever un enfant au Québec? C’est la réalité en 2024!

    Le Québec est peut-être le «paradis des familles», il demeure coûteux d’élever des petits chérubins dans la Belle Province. Entre l’épicerie, dont les prix ne cessent d’augmenter, la nécessité d’un logement plus grand et les frais liés à l’éducation d’un enfant, la famille moyenne dépensera environ 391 000$ pour mener son enfant à la fin d’un diplôme de premier cycle universitaire, en dollars d’aujourd’hui. Si vous vous préparez à accueillir un enfant en 2024, sachez qu’il vous coûtera en moyenne 17 772$ par année – de quoi donner des sueurs froides à tous les jeunes parents! Mais grâce aux allocations familiales et autres crédits des gouvernements, la famille moyenne réduit sa facture d’environ 70 000$ (fiou!).

    Scénario étudié

    Ça vous semble beaucoup? Voici les principales informations pour comprendre notre calcul. Le scénario se base sur une famille typique de deux adultes et deux enfants, même si les coûts sont présentés pour un enfant. Nos calculs tiennent compte d’un revenu de 163 000$ pour cette famille en 2024. Nous arrivons à ce chiffre en partant du revenu médian de 2020, qui s’établissait à 138 000$ avant impôts. Avec des augmentations salariales oscillant entre 2% et 6% au cours des dernières années, le revenu brut de cette famille a évidemment augmenté. Après impôts et charges sociales, son revenu disponible annuel se situe autour de 118 000$ en 2024.

    Dans cette famille, il n’y a pas d’extravagance: CPE et école publique avec fréquentation du service de garde. Aucun service privé en matière d’aide orthopédagogique ou autre. Par contre, nous considérons que cet enfant fera des études au cégep et à l’université (baccalauréat), donc qu’il sera soutenu par ses parents jusqu’à 22 ans: droits de scolarité, manuels, toit et nourriture inclus. Cet enfant vivra chez ses parents jusqu’à la fin de ses études. La fréquentation universitaire étant en croissance sur le long terme, il est raisonnable de croire qu’une majorité de parents espère que ses enfants feront des études. Par exemple, chez les 25 à 34 ans, 29% des hommes et 42% des femmes ont un diplôme universitaire. 

    Les dépenses des couples avec enfants pour 2019 étaient fournies par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). En moyenne, les couples avec enfants ont 1,93 enfants. Les données de l’ISQ ont été ajustées pour en tenir compte. Pour estimer la part des dépenses des familles attribuables aux enfants, nous avons fait la différence entre les dépenses des couples avec et sans enfants, aussi fournies par l’ISQ. Pour une majorité de postes de dépenses, nous avons pu attribuer l’inflation assez précisément, que nous avons calculée de mars d’une année à mars l’année suivante selon les données les plus récentes. Dans certains cas, nous avions même les informations exactes, comme les tarifs journaliers des garderies, par exemple.

    Se loger avec des enfants

    Plus de 79% des couples avec enfants sont propriétaires. Lorsqu’on accueille un nouvel enfant, on a besoin d’espace. Plus souvent qu’autrement, il aura besoin de sa propre chambre. La part du prix du logement attribuable à un enfant est donc en lien direct avec l’espace supplémentaire habituellement recherché. En 2024, loger un enfant revient à 4 825 $ par an. Ce poste de dépense a subi une inflation annuelle variant entre 1% et 7,6% dans les dernières années.

    Les transports avec des enfants

    Plusieurs déplacements sont reliés à l’enfant: il faut le conduire à la garderie qui est parfois loin de la maison, chez des amis lorsqu’il grandit, à différentes installations s’il pratique des sports, etc. Tout cela engendre des coûts d’essence et d’usure. Beaucoup de parents achètent également une nouvelle voiture, un choix qui peut s’avérer dispendieux

    Selon les données de l’ISQ, un couple dépensait 2 902$ de plus en transport annuel en 2019, par enfant, en comparaison à un couple sans enfants. Avec l’inflation, le prix grimpe à 3 588$ en 2024.

    Manger, ça coûte cher!

    L’inflation alimentaire a dépassé les 10,4% en 2022 et 5,7% en 2023. J’étais donc particulièrement curieuse d’analyser les dépenses en alimentation sous cet angle. Alors qu’en 2019, une famille dépensait 1 726$ pour nourrir un seul de ses deux enfants, elle paye maintenant 2 189$. C’est une inflation de près de 27%! Cela dit, l’adolescence sera une période plus dispendieuse du côté de l’alimentation, alors que les premières années sont plus clémentes sur le portefeuille. 

    Les vêtements, l’un des postes de dépenses les moins inflationnistes pour les familles

    Pour calculer les coûts des vêtements, nous avons utilisé les données de l’ISQ, qui révèle un fait surprenant! Le coût annuel moyen pour un enfant en 2019 était de 1 043$ par année, et il a légèrement diminué au fil du temps, s’arrêtant à 1 026$ en 2023. En ce début de 2024, il diminue encore, s’établissant à 1 015$!

    Du CPE à l’université!

    Les tarifs des garderies subventionnées et des CPE sont passés de 8,25$ par jour à 9,10$ de 2019 à 2024. Le total annuel est de 2 375,10$ en 2024. Ceux des services de garde des écoles suivent à peu près le même chemin, de 8,20$ à 9,20$ (pour une fréquentation régulière de 2 périodes ou plus par jour), plus quelques journées pédagogiques dont le tarif maximal peut atteindre 15,75$ cette année. Le total annuel est de 1 971$ pour les services de garde scolaire (il y a moins de jours qu’au CPE) en 2024. Nous avons considéré qu’un enfant irait en garderie pendant 4 ans, et qu’il allait au service de garde de son école pendant 4 ans aussi (à partir de la 4e année, il peut se garder tout seul). Les enfants de notre scénario ne fréquentent pas les camps de jour l’été. 

    Les frais pour le matériel scolaire au primaire et secondaire sont estimés modestement. Comme chaque famille peut en réalité dépenser ce qu’elle veut, nous nous en sommes tenus au supplément fourni par le gouvernement provincial pour calculer le montant dépensé en fournitures scolaires. Il est passé de 102$ à 121$ de 2018-2019 à 2023-2024.

    En 2024, un enfant qui poursuit des études postsecondaires paiera tout près de 400$ par an pour son inscription au cégep (deux sessions) et 3 461$ pour ses droits de scolarité universitaires. Un parcours de 5 ans (cégep préuniversitaire suivi d’un baccalauréat) coûte donc plus de 11 000$ simplement en frais. En ajoutant les manuels et l’ordinateur, on arrive à 14 456$ pour cinq ans d’études. 

    Dépenses globale pour un enfant aux études qui ne vit plus dans la maison familiale

    Nos calculs tiennent seulement compte d’un enfant qui vit chez ses parents, mais pour illustrer les coûts supplémentaires s’il vivait ailleurs que chez vous pendant ses études, nous vous proposons un tableau reflétant tous ces coûts.

    Lorsqu’on tient compte du logement, du transport, de l’alimentation, etc., on arrive à 108 851$ pour ces cinq années d’études! Voici un tableau présentant le détail des dépenses associées aux études loin de la maison des parents.

    Cégep préuniversitaire + baccalauréat dans une université québécoise (5 ans)Coûts
    Logement32 880$
    Transport3 480$
    Alimentation27 500$
    Vêtements5 285$
    Santé et soins personnels8 140$
    Loisirs et dépenses diverses17 110$
    Manuels et matériel informatique3 273$
    Frais de scolarité11 183$
    Total108 851$

    REEE

    Comment aider les parents à financer les études postsecondaires de leurs petits génies? Le REEE est un véhicule d’épargne auquel ils peuvent contribuer très tôt jusqu’à un maximum de 50 000$. Ils touchent alors des subventions maximales de 7 200$ du fédéral (SCEE) et 3 600$ du provincial (IQEE). En supposant un rendement net de 3,5% par an, le couple aura 89 000$ dans le REEE d’un enfant au moment où celui-ci entamera ses études postsecondaires. En nous basant sur les normes d’hypothèses de projection de l’Institut de la planification financière, nous avons tenu compte des services d’un conseiller pour les REEE des enfants, avec des frais de gestion de 2%. La répartition du portefeuille sera plus agressive au début et un lissage vers un portefeuille plus sécuritaire sera effectué au fil des années. Notez qu’il n’est pas nécessaire de cotiser 50 000$ pour toucher le maximum de subventions; des cotisations de 36 000$ devraient vous permettre d’optimiser le REEE en ce sens, même si nous avons retenu le plafond maximal alloué pour nos calculs.

    Aux paragraphes précédents, nous avons évalué le coût total de 108 851$ pour faire des études. Mais on peut déduire le rendement et les subventions du REEE de ce total, puisque ça ne provient pas directement de la poche des parents. La part réellement payée sera d’environ 70 000$. 

    Notons également que les enfants seront assez grands pour travailler et payer eux-mêmes une partie de la facture. Cependant, comme il s’agit d’un choix pour chaque famille, nous avons attribué cette dépense aux parents dans notre analyse. Les parents peuvent reprendre leurs cotisations et laisser aux enfants seulement ce qui leur appartient réellement, soit les subventions et le rendement aux enfants. Ainsi, si les parents reprennent les 50 000$ et que l’enfant travaille pour payer une partie de ses études, le coût total à la charge des parents diminue en conséquence.

    Les familles moins nanties pourraient obtenir le Bon d’études canadien, qui est une subvention supplémentaire. La famille type de notre scénario n’y aurait toutefois pas droit, avec ses revenus qui dépassent le seuil de revenu familial de 53 359$. Le BEC est offert aux enfants nés en 2004 ou après et prévoit un paiement initial de 500$ pour la première année, plus 100$ pour chaque année additionnelle, pour un maximum de 2 000$. Les parents n’ont même pas besoin de cotiser pour le recevoir! Pour les familles à revenus faibles et moyens (jusqu’à 106 717$), il y a aussi le supplément de la SCEE et de l’IQÉÉ (25$ à 50$), qui ajoute un montant de 50$ à 100$ par an (de plus que la SCEE de base de 500$ par an qu’on obtient tous en contribuant 2 500$). Ces montants permettent d’atteindre le maximum des subventions plus rapidement, mais ils ne changent pas le total auquel chaque famille peut aspirer.

    La santé, c’est important de la budgéter!

    Même si nous bénéficions d’un système de santé public, nous n’échappons pas à divers coûts de santé et de soins personnels: cliniques privées, médicaments en vente libre, couches, etc.

    En additionnant les soins de santé et les soins personnels selon les données de l’ISQ que nous avons ajustées, une famille dépensait 591$ par enfant en 2019. Les soins personnels peuvent inclure le salon de coiffure, les achats en pharmacie comme le papier toilette, et d’autres dépenses d’hygiène et de beauté pour prendre soin de soi. En 2024, on parle d’un coût de 704$ par an, considérant l’inflation qu’il y a eu depuis.

    Assurance vie

    L’assurance vie est assurément pertinente pour les parents. C’est l’assurance vie temporaire individuelle qui a la cote. Une assurance-vie empêche que vos héritiers (conjoint-e, enfants…) se retrouvent avec le poids de vos dettes si vous mourez. Si les deux parents de notre couple s’assurent chacun avec une police d’assurance vie pour protéger leurs enfants, ils débourseront en moyenne 600$ par année. Le coût pour un seul enfant est alors de 300$. Dans ce scénario, chaque parent prend une assurance à environ 25$ par mois. AssureMoi (PolicyMe) estime que les personnes de 30 ans paient 21,60$ à 29,70$ (selon le sexe) par mois en moyenne pour une assurance d’une valeur de 500 000$ pendant 20 ans. 

    En réalité, beaucoup de facteurs font varier les primes payées. Par exemple, l’âge des jeunes parents peut jouer en leur faveur. S’ils sont en bonne santé, c’est un plus aussi. La durée d’une assurance vie temporaire influence également le prix. Une police de 10 ans coûtera moins cher qu’une police de 25 ans. 

    Les assurances vie permanente, par contre, sont beaucoup plus dispendieuses, à plus de 200$ par mois. Le bon côté, c’est que vos proches en encaisseront la valeur un jour, c’est (presque) certain. Comparez les polices d’assurance vie pour estimer vos coûts et faites affaires avec un conseiller en sécurité financière qui saura évaluer vos besoins et vous proposera une protection adaptée à ceux-ci. 

    Loisirs, communications et autres dépenses

    Un enfant, il faut garder ça occupé! Ces dépenses incluent les cadeaux, les télécommunications, les abonnements, les sports, les vacances et les autres loisirs. En 2019, il en coûtait 1 657$. En 2024, nous arrivons à un coût annuel de 1 982$ par enfant.

    Par exemple, une sortie au cinéma en famille peut facilement monter à plus de 50$, seulement pour les billets. Un adolescent qui joue à des jeux en ligne utilise Internet. Si on tient compte d’un prix de 60$ par mois, sa part annuelle revient à 180$. Lorsqu’il part en vacances avec sa famille, le coût de son billet d’avion, par exemple, fera partie de cette catégorie de dépenses. Si ce même enfant joue au soccer, des dépenses de 150$ à 300$ s’ajoutent en frais annuels. S’il se tourne vers le ski alpin, la passe de saison à elle seule peut coûter autour de 400$, et c’est sans compter l’équipement! 

    Pertes de salaire 

    Pour calculer le coût total réel sur 22 ans, nous avons tenu compte de la perte de salaire associée aux congés de maternité, paternité, parentaux et aux congés sans solde au fil de la vie de l’enfant. En choisissant le régime régulier de prestations parentales, à 70% du salaire pendant 25 semaines, puis 55% pendant un autre 25 semaines, plus 70% du salaire pendant 5 semaines pour l’autre parent, la perte de salaires pour le couple se situe à environ 32 390$. Notez qu’il est possible de partager les prestations d’une autre manière, par exemple avec un nombre plus égal de semaines pour chaque parent, ou de choisir le régime particulier, etc. Faites des simulations pour trouver le scénario qui génère le moins de pertes dans votre cas.

    De plus, les parents doivent souvent prendre des congés sans solde pour s’occuper de leurs enfants. Les femmes prennent environ 4,5 jours sans solde par an et les hommes 4 jours, pour des jeunes enfants. Lorsque ceux-ci vieillissent, chaque parent prend 1,7 jour de congé sans solde annuel. Or, au Québec, les deux premiers jours de congés pris pour ce motif sont payables aux employés. Nous n’en avons pas tenu compte dans nos calculs. La perte de salaire totale pour ces congés sans solde atteint alors 4 058$ sur la vie de l’enfant. Les pertes rassemblées des congés à la naissance et sans solde au fil de la vie dépassent les 36 000$.

    Allocations familiales et crédits d’impôt

    Les gouvernements sont généreux avec les familles. Une famille au revenu médian recevra autour de 2 000$ par enfant de la part de l’Allocation canadienne pour enfants. De plus, elle pourrait toucher 1 180$ par enfant par année de l’Allocation famille du Québec. Les familles qui n’ont pas la chance de trouver une place en CPE ou en garderie subventionnée comme dans notre scénario peuvent se tourner vers le privé et le gouvernement leur versera un remboursement anticipé des frais de garde. De plus, au fédéral, les frais de garde viennent réduire le revenu net et par conséquent, les impôts tout en augmentant les bénéfices fiscaux tels que les allocations familiales. D’autres crédits s’ajoutent à ces mesures au fil de la vie de l’enfant, comme celui pour les fournitures scolaires. Grâce à ceux-ci, la facture pour élever un enfant de 0 à 22 ans passe d’environ 391 000$ à 321 000$. Merci! 

    Infographie: Le coût d’élever un enfant au Québec en 2024

    Maude Gauthier est journaliste pour Hardbacon. Depuis qu’elle a terminé son Ph.D. en communication à l’Université de Montréal, elle écrit sur la finance, les assurances et les cartes de crédit pour des entreprises comme les Fonds FMOQ et Code F. Utilisatrice responsable de cartes de crédit, elle peut passer des heures à lire les petits caractères pour bien comprendre leurs avantages. À cause de leur simplicité, elle a développé une préférence pour les cartes avec remises en argent. Après avoir subi des hausses salées avec son ancien assureur, elle peut maintenant affirmer fièrement avoir économisé des centaines de dollars en magasinant ses assurances auto et habitation. Dans ses temps libres, elle lit une multitude de romans et profite du streaming de quelques émissions populaires (et possiblement moins populaires, comme les documentaires animaliers).